Le Festin de John Saturnal
Lawrence Norfolk

Traduit par Alice Seelow
Points
janvier 2014
480 p.  8,20 €
 
 
 
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Un roman fascinant à savourer.

Quel étrange roman, quel dépaysement, quel voyage ! Ce livre-là fait partie des inclassables, des inoubliables, des incroyables lectures qui traversent quelquefois le chemin d’un lecteur. Un curieux enchevêtrement mêlant Histoire médiévale, passion amoureuse romanesque à souhait, légende ancienne enfermée dans un livre, transmission filiale, parcours initiatique, ode à la nature, la violence de la guerre, le raffinement d’un manoir, l’obscurantisme, la chasse aux sorcières,…et une aventure culinaire hors du commun. Un livre étonnant.
Nous sommes au XVII ème siècle, en Angleterre. John vit dans un village avec sa mère, sage-femme et guérisseuse. Souvent chahuté par les enfants et regardé avec méfiance par les adultes, John n’a pas une existence paisible. Un jour, un moine fanatique chasse la mère et son fils, les accusant de sorcellerie. Ils trouvent refuge dans la forêt profonde et humide. Le froid et le manque de nourriture abîme la santé de la mère qui meurt en laissant John orphelin. Mais elle aura eu le temps de lui confier le livre dans lequel sont inscrites les recettes du festin des Saturnales (dans la mythologie, grandes fêtes données en l’honneur de Saturne, des banquets qui avaient lieu quelques jours avant le solstice d’hiver. Durant cette période, les choses s’inversaient : les esclaves prenaient la place des maîtres et inversement. Un vent de liberté, d’oisiveté, de plaisir soufflait…)
Suite au décès de Susan la guérisseuse, John est envoyé au Manoir de Buckland où il intègre les cuisines auprès du Maître de Cuisine Scovell (qui avait jadis connu sa mère). Ebloui par la grandeur des cuisines, émerveillé par le bruits des énormes chaudrons, des plats, des assiettes, des marmites, happé par les effluves, stupéfait par les gens qui s’activent, John sait que cet endroit est celui où il doit être. Armé de son livre, de son courage et de son talent, John s’élèvera au fil des années au rang tant convoité de Maître de Cuisine.
Il tombera éperdument amoureux de Lucretia, la fille de Lord William, le propriétaire des lieux. Il la nourira, remplira l’existence de cette jeune fille, qui pleure elle aussi sa mère disparue. Mais la demoiselle sera sommée par son père d’épouser son aristocrate de cousin, qu’elle hait pourtant, afin de conserver le Manoir.
John est sur le point de préparer un sublime festin pour fêter les noces de sa bien-aimée avec un autre quand la maison apprend que Charles 1er est destitué. À l’image des Saturnales, l’ordre établi est bousculé ; guerre civile, exécution du roi, fin de la monarchie, installation de la république par Cromwell le chef des Puritains.
Un roman fascinant à savourer. Sur fond de guerre et de violence, le merveilleux d’une légende ancestrale. Une épopée à travers la gastronomie médiévale et le romanesque d’un amour puissant. Une écriture poétique mettant en éveil tous les sens (le travail de traduction est à saluer).
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