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coup de coeur
Un roman limpide et complexe à la fois
Le palais de verre… dont le titre anglais, The Glass Room, ne rend pas lui-même toutes les subtilités du mot allemand « raum » qui, lui, signifie à la fois pièce et espace. Surtout espace. Et c’est cet espace transparent si prégnant dont Simon Mawer fait le vrai héros de son roman. Héros, ou héroïnes, ses personnages sont pourtant nombreux à séduire le lecteur dans ce livre de quatre cents pages, qu’on ne lâche que par nécessité absolue, et qui, une fois achevé, vous donne envie d’en parler, pour partager le plaisir qu’il vous a donné. En quelques mots, il y est question d’une fabuleuse maison, conçue par un architecte avant-gardiste dans un pays alors tout neuf : la Tchécoslovaquie. Elle est construite sur commande, dans les années trente, par un couple très fortuné, les Landauer. Lui, Viktor, est un industriel : il fabrique des automobiles. Il est juif. Elle, Liesel, son épouse, vient d’une famille catholique. Ils vont avoir deux enfants, Ottilie et Martin, et, en raison de la tourmente à venir, on comprend vite que leur destin va basculer, comme celui de tous ceux qui gravitent autour d’eux. Toutefois, d’emblée, c’est la maison qui s’impose comme l’épicentre de toutes les émotions du roman. On assiste bien sûr à sa conception, à sa naissance. Puis à son baptême. Aux fêtes données en son honneur. Et plus tard, à sa corruption, à sa décadence, et à sa renaissance. Les personnages sont tous attachants dans leur diversité. Pris un à un, du plus puissant au plus humble, on est fasciné par leurs multiples facettes. Simon Mawer les rend vrais, réels, tangibles. Il lui faut bien préciser dans l’avant-propos qu’il s’agit d’une fiction, on a peine à le croire, tant ils sont faits de chair et de passion, de force et de faiblesse. L’arrière plan historique, lui aussi, est criant de vérité. Simon Mawer touche ici à l’essentiel : au miracle de l’amour qui réunit, par delà les vicissitudes de la vie, ceux qui n’auraient jamais dû se quitter, au fond. Dans ce roman, quand on perd quelqu’un en route, (littéralement) c’est comme dans la vraie vie, on se pose la question : comment le ou la retrouver ? Chapitre après chapitre, le lecteur envoûté se raccroche à tous les indices. Mais, comme dans la vraie vie, la perte est parfois irrémédiable, ce verre cassé-là ne se répare pas. La brisure de nos cœurs ne peut être colmatée, un temps, que par l’émotion infinie que procure la lecture de certains romans. Retrouvez Cathie Fidler sur son blog |
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