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coup de coeur
Superbe
Sans que je ne lui demande rien, Metin Arditi me tend la main, une main gantée. Celle d’une peinture à la signature énigmatique. Parti de cette anomalie chromatique révélée dans la « note au lecteur », il me lance dans un voyage à travers le 16ème siècle de Constantinople à Venise via la Grèce. J’ai suivi le trajet d’Elie Soriano né à Constantinople, juif en terre musulmane. Il s’expatrie à la mort de son père à Venise pour pouvoir dessiner (ce que sa religion lui interdit) et suivre l’enseignement du Titien. Devenu Le Turquetto, juif, prétendument converti au christianisme, (cela lui coûtera la vie) je suis son évolution, sa gloire et sa chute. La peinture tient une grande place dans ce livre. Outre le Titien ou le Turquetto, Metin Arditi dépeint Venise en son XVIème siècle empli de remugles, de toilettes, de magnificence, de misère. Le Turquetto regarde, emmagasine, dessine sans papier. Je suis ses mains dans les méandres de sa mémoire et de ses dessins imaginaires. J’ai vraiment eu l’impression de le suivre partout, d’être à ses côtés lorsqu’il peignait, c’est magique. J’ai aimé les descriptions. J’ai parcouru les ruelles de la Sérénissime, humé les odeurs pestilentielles ou délicates. J’ai apprécié la réflexion sur la religion et sa représentation picturale ou réelle avec plus particulièrement Scanziani si préoccupé par son avancement et ses toilette, contrebalancé par l’humanité de Gandolfi. J’ai souri jaune au procès en hérésie perdu d’avance et, surtout, lorsque les tableaux de l’hérétique furent tous brûlés et qu’il en émanait une odeur d’encens qui a fait se prosterner les femmes venues assister à l’autodafé. Enfin, tous, non puisqu’il envoie son dernier tableau à son maître, le Titien, avec ce simple T en signature. A la fin du livre, la boucle est bouclée, mais je n’en dirai pas plus. Une vie riche en péripéties, riche en rencontre, riche tout court qui donne un livre érudit, dense, beau que j’ai vraiment aimé lire. Un coup de cœur pour un livre et un auteur qui m’a déjà enchantée avec « Prince d’orchestre » et « La confrérie des moines volants ». Retrouvez Zazy sur son blog |
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