Peut-on se libérer de son passé ? Après vingt cinq ans de vie commune, quelques renoncements et désillusions, David et Emma Fischer sont convaincus de s’être épanouis en faisant table rase de leurs origines.
Emma a quitté l’Angleterre pour suivre son mari à Copenhague, elle se consacre à la peinture dans une serre au fond du jardin mais a sacrifié une carrière artistique pour élever leur fille.
David, avocat, juif et athée, a quitté sa famille et sa communauté, convaincu que l’essence de son identité ne se trouvait pas là. Il n’a eu de cesse de devenir un homme ordinaire, aspirant à la banalité, seule liberté possible. Pourtant, le temps du roman, quelques jours, l’existence du couple va vaciller. David découvre, sur leur boîte aux lettres, une croix gammée dessinée par des inconnus, et se surprend à se sentir honteux et coupable. Emma s’interroge sur le sens de son travail alors qu’elle est confrontée au regard de sa fille sur l’art. Cette dernière, vidéaste, les invite à sa première exposition, et organise un dîner pour leur présenter son fiancé pakistanais. Ouverts et émancipés, Emma et David n’ont aucun doute sur leur capacité à accepter une culture différente et pourtant la confrontation ne se déroule pas comme prévu. Au fil des heures, et des sensations, ils sont amenés à considérer le chemin parcouru, les directions prises et les histoires d’amour qui ont précédés leur rencontre. De souvenirs plus ou moins douloureux en secrets de famille, ils sont peu à peu renvoyés à leur passé.
Mais ce retour en arrière n’a rien d’amer. Ce pourrait être l’histoire d’un couple qui s’éloigne, le livre raconte, au contraire, une histoire d’amour réaffirmée et inachevée. « Parce qu’Emma et lui étaient toujours mariés après tant d’années, le temps passé ne laissait pas un sentiment de tristesse. On ne leur demandait pas de reconstruire un ensemble perdu à partir de quelques fragments épars, ils faisaient un avec ce tout et ils ne cessaient de croître. » Les fondations de la relation d’Emma et de David sont solides, et les raisons qui les ont tenus ensemble, apparaissent de plus en plus clairement. Les non dits et les omissions sont peut-être essentielles, car c’est parfois dans sa part d’ombre et de mystère que se nichent la particularité et la liberté d’un couple. Une fois de plus, Jens Christian Grondahl dissèque avec justesse l’intimité de la relation conjugale mais plonge également au cœur des questions de choix, de transmission et d’identité.