« Je ne veux pas vieillir. » Voilà comment le narrateur commence son monologue. Et aux côtés d’Alix, 31 ans, le temps pour lui s’arrête. Mais Les fidélités n’est pas simplement l’histoire, somme toute banale, d’un homme qui prendrait une maîtresse pour se donner l’illusion de ralentir le déclin. Le narrateur aime, quoi que de façons bien différentes, les deux femmes de sa vie. Et c’est ce qui lui est, à la longue, insupportable ; l’on ne se sent jamais aussi seul que lorsqu’on a le cœur coupé en deux.
Le thème du triangle amoureux a été maintes fois abordé en littérature. Il y a pourtant de l’inédit dans Les fidélités. Avec une écriture d’une grande fluidité, à un rythme enlevé, Diane Brasseur livre une vision très juste des relations qu’il est si compliqué de défaire et des aveux intérieurs de faiblesse. Elle démontre un vrai talent à faire revivre les scènes des deux histoires d’amour qui tiennent le narrateur debout.
Loin de prendre parti, le lecteur s’attache à chacun des trois protagonistes. L’auteur donne à comprendre le déchirement du narrateur, l’impuissance tranquille de la légitime, l’implication d’Alix qui dit à son homme, le seul qu’elle ait, avec lucidité : « Tout ça, c’est plus dangereux pour moi que pour toi. »
Et Diane Brasseur instille dans ses pages un suspens qui rend ce premier roman impossible à lâcher. On est captivé par ce drame silencieux et invisible, loin des clichés traditionnels véhiculés par l’adultère. Le mari trompeur n’est pas un homme machiavélique, l’épouse trompée n’est pas une femme délaissée et aigrie, l’amante n’est pas une vamp intéressée.
En dépit des beaux discours, personne, finalement, ne s’engage à moitié. Et c’est ce qui est bouleversant.
Ce coup d’essai est un coup de maître(sse).
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