Si le polar suédois a trouvé ses maîtres en Stieg Larsson et Camilla Lackberg, le thriller polonais vient de trouver le sien en Zygmunt Miloszewski. Fouillé, intelligent, parfois drôle, son ouvrage « Les Impliqués » nous entraîne dans les méandres de la psychologie humaine et les tourments de l’Histoire.
Varsovie, 2005. Le corps d’un homme est retrouvé mort, une broche à rôtir fiché dans l’œil après une séance de thérapie dite de « constellation familiale » à laquelle il participait. Cette pratique psychologique de groupe permet par un système de « jeux de rôles » et de psychodrames la résolution des conflits personnels.
L’affaire est immédiatement confiée au séduisant procureur Teodore Szacki qu’assiste le commissaire de police, Oleg Kuzniecov. Les auditions du thérapeute et des trois autres patients ne donnent pas grand-chose sinon que la victime, Henryk Telak, directeur de société de 46 ans, menait une vie malheureuse. Il entretenait de mauvais rapports avec son épouse depuis le suicide de leur fille de 15 ans et la découverte d’une maladie cardiaque chez leur fils, affection pouvant provoquer la mort du garçon.
Accaparé par d’autres procédures de son quotidien, Teodore ne lâche rien. De découvertes en révélations, son enquête le mène jusqu’aux heures les plus sombres de la Pologne, celles des assassinats politiques et de la répression policière.
Zygmunt Miloszewski fait avec « Les Impliqués » une entrée remarquée dans la littérature policière. Intrigue brillamment menée, multiples rebondissements, personnages attachants et parfaitement ancrés dans leur époque, autant d’ingrédients qui en font un thriller efficace. Mais ce qui confère à ce texte une saveur particulière est la peinture aiguë de la Pologne actuelle et de ses contemporains et la plongée dans la Pologne des années 80, celle du général Jaruzelski, de Solidarnosc et de Lech Walesa.
Que ce soit aussi une toute jeune maison d’édition française – à peine un an d’existence – qui ait misé sur ce nouvel auteur est aussi à saluer.