Avec Erri de Luca il faut se méfier. Avec cet ouvrage comme avec les précédents, on débarque dans une vague histoire sans importance, un homme mûr qui évoque ses vacances à la plage quand il avait dix ans, la fillette qui mangeait des glaces avec lui, les trois garçons qui l’avaient tabassé, le père en voyage aux USA. A la rigueur un chaste baiser à la fin, et c’est tout. Le narrateur (on ne sait pas son nom, quant à celui de la fillette, il l’a oublié, et l’appelle « la fillette ») ignore ce qu’est l’amour, et n’y croit guère; en revanche il tient à se faire battre par les garçons pour devenir grand. Car l’initiation à l’âge adulte ne peut se faire que de façon violente et consciente, elle doit être volontaire et les yeux ouverts. Le narrateur nage comme un poisson dans l’eau, et garde maintenant les yeux ouverts pour embrasser.
Ce récit est mince, 120 pages, mais ces pages pèsent lourd de littérature, de poésie, de sentiments profonds et pudiques. On ne sort pas vraiment du rêve où il vous a plongé.