Les Temps sauvages
Ian Manook

Le Livre de Poche
30 mars 2016
576 p.  8,70 €
ebook avec DRM 14,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Il y a des destins qui tiennent à un rien, à une plaisanterie, un défi. Prenez Patrick Manoukian par exemple, dirigeant d’une boîte de communication, spécialisée dans le voyage et écrivain du dimanche. Avec une vague envie d’arrêter de travailler parce que l’heure de la retraite est proche, et une mauvaise habitude : commencer d’écrire des manuscrits qu’il ne termine jamais. Un jour, sa fille, fatiguée de ces histoires dont elle ne connaît pas la fin, lui lance : « dorénavant, je ne te lirai que lorsque tu seras publié. » Qu’à cela ne tienne ! Il ne connaît pas grand chose au polar, mais pense que ce serait amusant de se lancer dans l’aventure. Il hésite entre le Brésil et la Mongolie, choisit le froid, imagine un héros solitaire, Yeruldelgger, se trouve un pseudonyme, Ian Manook, et en six mois l’affaire est bouclée… et publiée par Albin Michel. Le succès est immédiat, les prix pleuvent, et les lecteurs n’y voient que du feu ou plutôt que de la glace, persuadés que l’auteur vit dans les steppes d’Asie centrale. Quelques séances de signatures et une poignée d’interviews lèveront le mystère. Aujourd’hui, Ian Manook franchit le difficile cap du deuxième roman : épreuve réussie. On y retrouve son héros Yeruldelgger et ses acolytes (on a un petit faible pour l’inspectrice Oyun) confrontés à plusieurs crimes complexes. Ceux-ci n’ont, en apparence, rien à voir les uns avec les autres : meurtre d’un cavalier enseveli sous un yack, mort d’une ancienne prostituée, cadavres de six garçons retrouvés au Havre… Cherchez l’erreur. Aux intrigues assez complexes et rondement menées, s’ajoute le décors, personnage à part entière de ce roman. Le froid rend chaque petit geste beaucoup plus difficile, la rudesse des conditions de vie comme la difficulté de se déplacer entravent le bon déroulement des enquêtes. Il y a beaucoup de morts dans ces pages, mais les héros, véritables survivants, sont épargnés. Ce qui signifie qu’il y devrait y avoir au moins une troisième enquête, à moins que la fille de Ian Manook ne lui lance un nouveau défi : débuter une carrière de footballeur par exemple !

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