Bergsveinn Birgisson est né en 1971… 1971…
Fou…
Fou, parce que, la façon dont il se met dans la peau de ce vieillard est époustouflante.
Oui il a un doctorat en littérature médiévale scandinave et n’a jamais coupé les liens avec l’Histoire, le passé familial, et probablement qu’il y a beaucoup de son grand père dans le personnage de Bjarni Gislason de Kolkustadir.
Ce roman vous impressionne par la nostalgie et la sincérité pure dont peut faire preuve cet homme qui bientôt ne sera plus.
Alors, qu’a-t-il à perdre en écrivant cette lettre/testament?
Rien. Plus rien. Il est déjà entre Ciel et Terre (cf. la magnifique couv…)
Et c’est magnifique, cette impression qu’il est là, vous écrit/décrit, cette vie si simple et tourmentée, ce pays si rude mais tant aimé (et si bien dépeint), cette description de la violence du désir et la douceur des sentiments qui ne s’estompent pas, les regrets qui rendent amer et mettent en colère, le manque de courage que l’on finit (toujours) par se reprocher, l’amour de la terre qui l’emporte…
La certitude que la ville, le rejet du passé, de la nature, de sa culture, l’auraient terrassé et éteint et éloignent les gens de leurs racines vitales…
Et pourtant, malgré ces convictions, il ne peut s’empêcher de ressasser, les questionnements, les comptes faits à rebours, les non dits qui rongent et les mots qui sortent, enfin.
(ndlr: mention spéciale à Catherine Eyjolfsson qui a, je pense, accompli un superbe travail de traduction).
Une lettre adressée autant à une femme qu’à sa propre conscience, émouvante, d’une simplicité et d’une justesse sidérantes, qui chamboule en vous mettant là, sous les yeux, le temps qui passe et « ne se rattrape guère »…
« J’ai fantasmé pour combler les lacunes de mon existence, compris que l’être humain peut faire de grands rêves sur un petit oreiller. J’ai continué, ivre de désir et de l’espoir qui pousse la sève jusqu’aux rameaux desséchés de la création. Et puis j’ai aimé, et j’ai même été heureux, un temps. » (…)