« J’aime les thrillers
Savez-vous comment ?
Quand ils font bien peur
Sans trop de morts dedans
J’aime les thrillers
Savez-vous comment ?
Quand ils donnent des sueurs
Avec du stress dedans »
Stephanie, nègre de profession, se rend aux Etats-Unis avec son fils. Vivant avec des broches dans la jambe depuis un accident, elle fait sonner le portique de sécurité au moment de l’escale aéroportuaire et doit se soumettre à une fouille corporelle. Isolée de son fils pendant quelques instants, c’est ce moment-là que choisit un homme pour le kidnapper.
S’ensuit le témoignage de Stephanie auprès de l’agent du FBI de l’aéroport. Ce témoignage consiste en l’histoire de la rencontre entre Stephanie et Scarlett Higgins, une jeune star de la télé-réalité dont elle a fait la biographie sous forme de lettre que souhaitait écrire Scarlett à son futur fils, Jimmy, celui-là même qui vient de se faire kidnapper.
On apprend, dans ce récit, la rencontre entre Scarlett et Stephanie, leur amitié naissante, la vie de Scarlett, jusqu’à la mort de son (ex-)mari, la sienne d’un cancer et comment Stephanie s’est retrouvée avec la garde de Jimmy.
Oubliez ici les serials killers, les corps démembrés, les giclées de sang, tout ce qui fait le thriller habituel. Et cela fait un bien fou ! Val McDermid, sans aller jusqu’à la reine du polar vantée en quatrième de couverture, excelle dans son exercice de style presque parfait. Le récit est clair, adroitement agencé pour lancer le lecteur sur une piste et l’entretenir (même si le fait qu’elle soit particulièrement grosse en fait de facto une fausse piste qui ne leurre personne), s’attache à la description de la vie d’une star de télé-réalité plus intelligente et calculatrice que l’image qu’elle donne d’elle, mais malgré tout humaine. Si le roman est classé dans la catégorie polar/thriller, on est plutôt sur un portrait de femme, manipulatrice à souhait, avec quelques rebondissements, avec quelques cadavres, sur du psychologique que sur de l’éclaboussure sanguine.
Val McDermid aborde des sujets aussi variés que la célébrité, le droit à l’image, la relation maternelle d’une mère et de sa fille, l’amitié, la trahison et la vengeance aussi… C’est là le seul point faible du roman. Se situant dans le final, il est difficile d’en parler véritablement sans spoiler le dénouement mais toujours est-il que Stephanie, victime de manipulations, s’en sort finalement en usant des mêmes ressorts criminels que ceux employés à l’encontre de l’entourage de Scarlett… La loi du Talion m’a toujours paru être la réponse des faibles, une solution négative fonctionnant plus comme un piège se refermant sur la victime que comme une issue, transformant la victime en coupable !
En dehors de la fin un peu décevante au regard du reste du livre, ce roman est une excellente découverte et Val McDermid assurément une auteur à retenir.