critique de "Mon amour,", dernier livre de Julie BONNIE - onlalu
   
 
 
 
 

Mon amour,
Julie BONNIE

Pocket
mars 2015
192 p.  6,50 €
ebook avec DRM 12,90 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Une virgule, et tout ce qu’il y a après

La narratrice est la femme d’un marin restée au port : son homme, pianiste de jazz, s’est envolé pour jouer ailleurs, quatre jours seulement après qu’elle a accouché de leur fille, Tess. A lui les paillettes de la tournée – croit-on-, à elle une vie qui « se résume à un bébé, du lait, du sang » – croit-on encore.

Ils n’ont pas eu le temps de devenir une famille, il faudra attendre la fin de la tournée pour cela. Entre eux, Tess prend toute la place. Ou pas. Car il y a aussi le monde autour d’eux, le monde qu’ils offrent à leur fille, la pluie qui soulage Paris et le début de l’effacement de la réalité.

Ils (s’)écrivent ce qu’ils ne peuvent se dire. Pendant que le père se raccroche aux photos reçues via son téléphone, sa messagerie, pour ne pas oublier le visage de l’enfant qu’il a entraperçue avant de filer, le corps de la mère devient sanctuaire, en attendant que les sensations reviennent. Mais les amants sauront-ils se retrouver, de n’avoir pas vécu ensemble cette période consécutive à tant de bouleversements, cette période qui en contient tant de nouveaux ?

Parfois, des tiers interviennent dans cette non-correspondance. Un ami, un parent – ou alors une lettre s’adresse à Tess. Il y a parmi ces morceaux d’autres la bouleversante missive de la mère de l’homme qui, écrivant à sa bru, confesse qu’elle ne peut se réjouir de la naissance de Tess, ni ne veut se lier à la fille d’un fatalement mauvais père, à la femme d’un fatalement mauvais conjoint. Le malheur, la défection, l’abandon en forme de fatalités.

Les placards sont vides, les corps sont pleins, mais que devient le couple qui a voulu se multiplier ? « Nous étions heureux, parfaitement, mais nous ne pouvions pas nous contenter de ça. », écrit Julie Bonnie. Le mieux est parfois l’ennemi du bien.

Mon amour,, c’est l’histoire de l’apprentissage par une femme d’une autre forme de solitude, puisqu’elle est désormais deux, et l’histoire d’une réconciliation avec son corps bouleversé. Mais ce n’est pas seulement cela. Il y a des sanglots longs et la musique, des couleurs pâles et la peinture.
C’est l’histoire d’une transformation. D’une virgule, et de tout ce qu’il y a après.

Retrouvez Sophie Adriansen sur son blog

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