Vincent a fui Paris et, surtout, sa famille pour L’inde. La mort de son géniteur l’oblige à revenir en France. C’est ce voyage de retour que Karine Silla nous raconte.
Oui, Monsieur est mort. Je subodore quelques lourds secrets de famille. Je comprends sa peur, ses angoisses. L’écriture se fait lente, lourde. La solitude est pesante tout comme le passé qui remonte à la surface.
Le voici devant le porche de la maison bourgeoise. Impossible d’entrer. Impossible d’ouvrir cette satanée porte comme s’il avait peur d’ouvrir les portes de sa mémoire. Par petites touches, j’apprends à connaître cette famille de grands bourgeois. Le père se fait appeler « Monsieur » par ses enfants « Cela ne me dérangeait pas, je trouvais même cela assez représentatif de nos rapports. ». Oisif, il n’a jamais travaillé, il collectionne les œuvres d’art et autres déviances que je ne dévoilerai pas. Il ne veut pas que ses propres enfants travaillent. « Mon père nous l’avait dit clairement, il tolérait que nous allions à l’école pour nous cultiver, mais il ne voulait pas que ses fils travaillent. » La mère, étrange beauté froide, ne supporte pas que ses propres enfants l’approchent, déguise ses enfants en fille et joue Bach. « J’ai espéré longtemps qu’elle me prenne dans ses bras, contre sa poitrine… A présent, je n’aurais supporté qu’elle me touche. ». Il y a le frère aîné, Gabriel que Vincent aime tant. Ce garçon a supporté en silence les vilénies (le mot est faible) de son père, protégé ses frères, mais n’a pu supporter la découverte de Vincent. Oui, une famille « bien-sous-tout-rapport » que le père a détruite corps et âmes, dont il ne reste que des « zombies » essayant de survivre.
Ce livre, très scénarisé n’a rien de plombant. Karine Silla oppose la richesse de la famille et la misère affective. Les mots sont justes, pas de fioritures inutiles. Comme dans un film, les flash-back entrouvrent les portes de cette famille très bourgeoise et Vincent les ouvrira jusqu’à l’Ultime porte, celle où repose le corps de Monsieur.
Un très bon premier roman qui ne se laisse pas oublier facilement.