Paysage perdu
Joyce Carol Oates

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Claude Seban
Points
octobre 2017
425 p.  8,20 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Les jeunes années d’une romancière

Les fans de la grande romancière américaine vont adorer ce recueil d’articles dans lequel Joyce Carol Oates offre un récit kaléidoscopique vivant, sensible et émouvant de sa jeunesse, ainsi qu’une réflexion sur la mémoire passée au tamis de l’écriture.

En famille

Née dans la classe pauvre, rurale et laborieuse pendant la Grande Dépression, rien et donc tout prédestinait Joyce Carol à devenir écrivain. Elle raconte sa jeunesse dans la ferme de Millersport, où elle a grandi avec ses parents et ses grands-parents maternels, immigrés hongrois rudes et frustes. Elle doit son amour de la littérature et la découverte de Lewis Carroll, sésame de l’imaginaire, à sa grand-mère paternelle Blanche, qui lui paie des leçons de piano, l’inscrit à la bibliothèque et lui offre une Remington pour ses 14 ans. Elle éprouve pour cet environnement familial une grande reconnaissance et rend hommage à des parents modestes qui ont toujours été fiers de leur fille, élève modèle et écrivain en herbe prolifique. La publication d’une nouvelle dans le magazine « Vogue » lance la carrière de la jeune Joyce Carol Oates, qui trempe sa plume dans la réalité de ses expériences.

Le passé par éclats

« Ce ne sont pas les individus, mais plutôt les événements, les occasions – les ‘‘thèmes’’ dominants – qui me fascinent le plus en tant qu’écrivain ». Ainsi relate-t-elle des événements qui ont marqué sa mémoire et se retrouvent par fragments dans sa matière romanesque : blessures intimes, histoire familiale violente, naissance d’une sœur autiste, suicide d’une camarade de lycée. L’auteure raconte aussi l’importance de la nature, les vagabondages nocturnes à cause de ses insomnies, l’installation à Detroit après son mariage et « le passage d’une fascination pour un paysage rural quasi surréaliste à un paysage urbain hyperréaliste ». Elle nous régale d’anecdotes, comme sa conversion enfantine à l’Eglise méthodiste, puis au catholicisme par le jeu d’une comédie familiale savoureuse. Ce recueil de textes parfois redondants est un plaisir de lecture où, par la réminiscence, Joyce Carol Oates souligne la fascination enfantine pour le mystère et les territoires dangereux, propices à l’imagination.

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