Péchés capitaux
Jim Harrison

J'ai lu
septembre 2015
350 p.  7,60 €
ebook avec DRM 14,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
on n'aurait pas dû

Est-ce bien Jim Harrison, le peintre des grands espaces, pilier de l’école littéraire du Montana, auteur notamment de « Dalva » et de « Légendes d’automne », qui a signé ces « Péchés capitaux » ? Question de pure rhétorique car celle qui vient à l’esprit, le livre refermé, est plutôt : pourquoi ? Pourquoi ce roman bavard, qui n’a de policier que son narrateur et de noir que l’encre avec laquelle il est imprimé ? Il faut une bonne centaine de pages au vénérable pêcheur-écrivain pour installer le personnage central du livre, un flic retraité à la sexualité de lapin de garenne. Porté sur les très jeunes femmes et fasciné par les truites mouchetées, il laisse parler tantôt sa libido, tantôt son appétit, selon l’heure de la journée. Son éthylisme et les réflexes conservés de ses années d’inspecteur compliquent beaucoup ses relations avec ses semblables. Il agit en représentant de la loi mais selon une logique lourdement alcoolisée.

L’ex-inspecteur Sunderson passe alors, enfin, à autre chose : les Ames, une riche famille locale de dégénérés qui terrorisent le voisinage quand ils ne s’entretuent pas. « Portrait grinçant d’une Amérique gangrenée par la violence », promet l’éditeur. Sinon que chez Jim Harrison, le pêcheur l’emporte nettement sur le romancier, le contemplateur sur le chroniqueur. Son inspiration en roue libre dévide le fil du récit comme le cours d’une rivière, monologue sans aspérité ni émotion, personnages qui s’entrechoquent sans trop de cohérence. Plus vain et paresseux qu’ennuyeux, « Péchés capitaux » a le peu de saveur d’une oeuvre due par contrat, conçue par obligation et sans envie. Les inconditionnels y trouveront bien quelques arêtes à ronger. Le lecteur occasionnel ou juste curieux risque, lui, de vite plier ses cannes.

partagez cette critique
partage par email