La rédaction l'a lu
le début de la fin du bonheurGaël Faye a troqué, avec brio, le micro contre le stylo. La Fnac l’a adoubé en lui décernant son prix du roman 2016. Et ce « Petit pays », je l’ai aimé aussi. Avec son premier roman, ce rappeur franco-rwandais, âgé de 33 ans, prouve qu’il autant le sens du rythme que des mots. « Pour l’instant le pays était un zombie qui marchait langue nue sur des cailloux pointus », écrit-il. Ses phrases sonnent, qui font entendre les rafales des kalachnikovs dans ce Burundi où il est né et qu’il a tant aimé. A travers le personnage de Gabriel, âgé de dix ans, Gaël Faye raconte comment la guerre a éclaté au Burundi, ravagé son pays, volé son enfance et tué les siens. Comme lui, Gaby a la peau caramel et l’humour noir, parfois, pour dire l’indicible : le bruit des armes qui se confond avec le chant des oiseaux, la peur du silence où « se fomente des violences à l’arme blanche et des intrusions nocturnes qu’on ne sent pas venir à soi. » Son roman s’ouvre sur la différence entre les Hutus et les Tutsis, analysée à hauteur d’enfant. Quand on est haut comme trois mangues, pas facile de comprendre pourquoi des hommes se battent alors qu’ils habitent le même pays, parlent la même langue et croient au même dieu. Reste à imaginer qu’ils s’affrontent parce qu’ils n’ont pas le même nez. Puisque les Hutus l’ont gros, il faut en déduire que Cyrano de Bergerac est un des leurs. Pourquoi pas ? « La guerre c’était peut-être ça, ne rien comprendre.» Le récit débute avant que ça tourne mal, quand il est encore possible de répondre « Ça va ! Du tac au tac », lorsqu’on nous demande comment on se porte. Après cela devient impossible. Gaël Faye plonge dans ses souvenirs pour raconter « le début de la fin du bonheur », décrire la légèreté, l’insouciance de l’enfance passée à chaparder des mangues juteuses chez les voisins, à faire les quatre cents coups et jouer au club des cinq avec les copains. Pour l’heure, une seul ombre à ce tableau ensoleillé : ses parents se disputent. Entre Yvonne, sa mère Tutsi, née en 1963 au Rwanda et son père blanc, Michel, originaire des Vosges, rien ne va plus. Le paradis de Gaby commence à se fissurer. A la mésentente parentale viennent s’ajouter de gros mots sanguinaires, encore jamais entendus: guerre, ethnie, génocide. Rien ne sera jamais plus pareil. Il y a un avant et un après-guerre dans le roman, comme dans la vie de Gaël Faye. Gaby a dix ans quand le conflit éclate en 1993, à la suite du coup d’État contre le président Hutu, Melchior Ndadaye. Trois ans plus tard, le garçonnet sera rapatrié en France. C’était il y a vingt-trois ans. Il a fallu plus de deux décennies pour que Gaël Faye trouve l’envie (ou le courage ?) de se raconter à travers le bouclier de la fiction. Il trempe sa plume dans les douleurs du passé: « Le génocide est une marée noire, ceux qui ne sont s’y sont pas noyés, sont mazoutés à vie.» Gabriel vit la peur au ventre de voir les siens assassinés. Sa mère, qui commence à perdre la raison, réveille sa petite sœur, Ana, pour lui raconter ce qu’elle a vu au Rwanda: les corps de ses cousins en décomposition, les taches de sang qu’elle a frottées sur le sol, ineffaçables au bout de trois mois. Le père se forge une carapace pour que la méchanceté ricoche sur eux. Gaby, lui, lit les ouvrages que lui prête sa professeure, Madame Economopoulos. Dans son lit, au fond de ses histoires, il cherche « d’autres rééls plus supportables.» Et il écrit, aussi. A Laure, sa correspondante française, dont il s’éprend à distance et à Christian, son cousin, mort. Cette missive-là est déchirante. La pudeur avec laquelle Gaël Faye dépeint l’horreur à laquelle il a survécu, mais dont il n’est sans doute pas revenu, rajoute à l’émotion. Gaby ne quitte pas son pays, il le fuit. Sans dire au revoir, sans se retourner. Il a treize ans quand son père le met dans un avion pour la France où l’attend une nouvelle famille. Gaël Faye a sans doute suivi les conseils que Madame Economopoulos donne à Gaby. Il a pris garde au froid, veillé sur ses jardins secrets, s’est enrichi de ses lectures (ou de ses musiques), autant que de ses rencontres et n’a jamais oublié le « Petit Pays » d’où il vient.
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coup de coeur
Un roman fort et puissant
Gaby est un petit garçon heureux et insouciant à Bujumbura entre son père blanc, sa mère rwandaise, sa sœur Anna et les domestiques. Il y a aussi les copains, les amis avec qui il fait les quatre cents coups. Ses souvenirs ont l’odeur du jus des mangues qui dégoulinent de leurs bouches, le goût des souvenirs des jeux, des larcins partagés avec les jumeaux, surtout Gino son ami. : « Chez moi? C’était ici. Certes, j’étais le fils d’une Rwandaise, mais ma réalité était le Burundi, l’impasse, Kinanira, l’école française. » » Et puis, il y a les courriers échangés avec sa correspondante française, Laure. C’est sûr, il l’aime, il l’épousera plus tard, comme ses parents. « Le jour de leur mariage, Papa n’en revenait pas de lui avoir passé la bague au doigt. Bien sûr, il avait un certain charme, le paternel, avec ses yeux verts tranchants, ses cheveux châtain clair veinés de blond et sa stature de Viking. Mais il n’arrivait pas à la cheville de Maman ». La vie séparant ceux qui s’aiment, le rêve se brise et ils se séparent. « Le début de la fin du bonheur, je crois que ça remonte à ce jour de la Saint-Nicolas, sur la grande terrasse de Jaques, à Bukavu, au Zaïre. ». La guerre ethnique du Rwanda arrive chez lui, dans son école, avec un racisme plus « ordinaire » du tout entre hutus et tutsis, « L’année de mes huit ans, la guerre avait éclaté en Rwanda. C’était au tout début de mon CE2. ». Il essaie de la tenir loin de lui cette guerre, mais Alphonse, un de ses oncles est tué. Il y eut les élections, les premières élections démocratiques au Burundi « Pourtant, c’était une journée historique. Partout dans le pays, les gens s’apprêtaient à voter pour la première fois de leur vie. » Le parti Frodebu a gagné avec Melchior Ndadaye à sa tête. Le 21 octobre 1993, un coup d’Etat éclate avec son lot de meurtres, de massacres. Prothé, l’un des serviteurs craint le pire « Ils ont tué l’espoir, ils ont tué l’espoir, c’est tout ce que je peux dire. Vraiment, ils ont tué l’espoir… » La confusion, la peur règnent en maître avec des massacres quotidiens. Lle père de Gabriel et Anna choisit l’exil en France pour ses enfants. Sans s’appesantir, Gabriel Faye dépeint la vie au Burundi, le racisme ordinaire des patrons blancs vis-à-vis de leurs employés noirs, la vie des expatriés, les petits cabarets où Gaby a bu sa première bière tiède « Le cabaret était la plus grande institution du Burundi. L’agora du peuple. La radio du trottoir, le pouls de la nation. Chaque quartier, chaque rue possédait ces petites cabanes sans lumières, où, à la faveur de l’obscurité, on venait prendre une bière chaude, installé inconfortablement sur un casier. ». J’ai ressenti la langueur du pays, puis la tension qui monte entre les habitants du Bujumbura, même chez les serviteurs de la maison. Les enfants voient leur groupe changer, se durcir, il faut choisir son camp. Avec ses copains, ils sont pris dans la nasse, dans une spirale qui emmènera Gaby dans une région d’où l’on ne revient jamais vraiment et qui lui fera dire plus tard « Je réponds avec un cynisme froid que mon identité pèse son poids de cadavres » Les apartés de l’adulte Gabriel sont très musicaux et rythmés, on sent le rappeur. L’homme qu’il est devenu n’est pas seulement un exilé de son pays, mais également de son enfance partie au son d’un briquet Zippo « Je pensais être exilé de mon pays. En revenant sur les traces de mon passé, j’ai compris que je l’étais de mon enfance. Ce qui me paraît bien plus cruel encore. » Petit pays est écrit à hauteur d’enfant, à la fois mutin et dur avec des mots simples, sans affectation aucune. C’est d’ailleurs ce qui lui donne tant de puissance, comme le récit de sa mère sur le génocide rwandais. Un coup de cœur pour un premier roman fort et puissant. Retrouvez Zazy sur son blog
coup de coeur
Pays de chair, pays de sang
Pure beauté que ce récit d’enfance meurtrie, récit d’un paradis perdu, d’un monde de l’innocence et de l’insouciance qui a disparu, doucement presque imperceptiblement avant le grand chaos …. « Je n’habite plus nulle part, dit le narrateur adulte. Habiter signifie se fondre charnellement dans la topographie d’un lieu, l’anfractuosité de l’environnement. Ici (en France où il s’est réfugié) rien de tout ça. Je ne fais que passer. » Gabriel dit Gaby est le fils d’une rwandaise tutsi Yvonne et d’un français du Jura Michel. Le couple s’est établi au Burundi, à Bujumbura, la capitale : elle s’y est réfugiée, lui y est devenu chef d’entreprise. Malgré les tensions dans le couple parental, Gaby garde de ses premières années un souvenir ébloui : jeux avec les nombreux copains dans un terrain vague ou dans l’impasse bien protégée, goût des mangues juteuses que l’on fait tomber des arbres, odeurs de citronnelle, d’orchidées et de jacarandas en fleur, joyeuses fêtes d’anniversaire dans le jardin, ambiance animée des cabarets bruyants, beauté absolue de la végétation luxuriante, des paysages de montagnes et de lacs. Leur vie est confortable et l’enfant n’imagine pas que le malheur puisse s’abattre sur lui et les siens, ses parents, sa petite sœur Ana et sa famille rwandaise. Et pourtant, Yvonne sent des manifestations de violence imminentes au Rwanda, pays voisin et veut ramener ses neveux à Bujumbura où pour le moment, la vie est encore possible. Mais il faut faire vite pour qu’il ne soit pas trop tard… Petit pays est l’histoire d’un enfant fou de bonheur et de joie de vivre, ivre du plaisir d’être heureux dans un pays éblouissant de lumière et refusant de se sentir concerné par l’Histoire, par la violence innommable qui sera celle de son pays et des pays voisins jusqu’à ce que, la sordide réalité, celle que l’on voudrait taire aux enfants tellement elle est inhumaine et indigne, pénètre petit à petit ce monde protégé qui était le sien, s’immisce dans chacun des recoins de sa vie au point de l’envahir totalement et de la rendre impossible. Et l’impasse devient piège… Il ne restera à l’enfant qu’une échappatoire, la lecture, espèce de bouée de secours pour fuir un monde effrayant. Jusqu’à ce qu’il faille quitter ce territoire de l’enfance, renoncer à être heureux. Lire Petit pays, c’est vivre du point de vue d’un enfant ces conflits d’une violence inouïe qui déciment des populations entières. On ne peut que se sentir dévasté par l’absurdité de ces guerres (qui les comprend vraiment ?) et par la souffrance infinie de ces êtres, comme l’auteur, qui se sont trouvés déracinés, obligés de vivre ailleurs, de quitter la terre de leur enfance, leurs racines. « Si l’on est d’un pays, si l’on y est né, comme qui dirait : natif-natal, eh bien, on l’a dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres, le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et ses femmes… » écrivait Jacques Roumain cité dans l’œuvre… Un récit extrêmement poignant qui nous montre une Afrique d’une beauté irréelle mais où la souffrance des hommes est insondable : « Tu causes, tu causes, dira Yvonne à son mari heureux de jouir des privilèges matériels qu’offre son pays, mais je connais l’envers du décor, ici. Quand tu vois la beauté des collines, je sais la misère de ceux qui les peuplent. Quand tu t’émerveilles de la beauté des lacs, je respire déjà le méthane qui dort sous les eaux. Tu as fui la quiétude de ta France pour trouver l’aventure en Afrique. Grand bien te fasse ! Moi je cherche la sécurité que je n’ai jamais eue, le confort d’élever mes enfants dans un pays où on ne craint pas de mourir… Tu es venu ici chercher un terrain de jeu pour prolonger tes rêves d’enfant gâté d’Occident… » Paroles lucides qui touchent au cœur, paroles de celle qui voit et qui sent, qui a déjà vécu l’exil et qui ne se fait plus aucune illusion. Une œuvre puissante qui dit à quel point, qu’on le veuille ou non, on appartient à l’Histoire, on ne peut y échapper, prisonnier que l’on est de son destin : « Cet après-midi là, pour la première fois de ma vie, je suis entré dans la réalité profonde de ce pays, constate le narrateur. J’ai découvert l’antagonisme hutu et tutsi, infranchissable ligne de démarcation qui obligeait chacun à être d’un camp ou d’un autre. Ce camp, tel un prénom qu’on attribue à un enfant, on naissait avec, et il nous poursuivait à jamais. Hutu ou tutsi. C’était soit l’un soit l’autre. Pile ou face. Comme un aveugle qui recouvre la vue, j’ai alors commencé à comprendre les gestes et les regards, les non-dits et les manières qui m’échappaient depuis toujours. La guerre sans qu’on lui demande se charge toujours de nous trouver un ennemi. Moi qui souhaitais rester neutre, je n’ai pas pu. J’étais né avec cette histoire. Elle coulait en moi. Je lui appartenais. » Livre sur le passage de l’enfance vers l’âge adulte, de l’illusion à la réalité, de l’aveuglement à la lucidité, des rêves aux cauchemars… Livre aussi sur un autre glissement qui se fait insidieusement, sans qu’on s’en aperçoive, espèce de venin qui se répand dans le corps de la victime qui petit à petit devient malgré elle un bourreau… Un texte sublime fait de soleils puissants et de tempêtes destructrices, de bonheurs sans limites et de douleurs mortelles, à l’image de la vie d’un petit garçon dont « l’existence avait bien commencé » et qui ne voulait pas la guerre dans un petit pays à feu et à sang… A lire absolument ! Vous pouvez écouter aussi la très belle chanson de Gaël Faye « Petit pays » dans l’album « Pili Pili sur un Croissant au Beurre »
nuit blanche
Petit pays, grand livre
« Je tangue entre deux rives, mon âme a cette maladie-là. Des milliers de kilomètres me séparent de ma vie d’autrefois. Ce n’est pas la distance terrestre qui rend le voyage long, mais le temps qui s’est écoulé. J’étais d’un lieu, entouré de famille, d’amis, de connaissances et de chaleur. J’ai retrouvé l’endroit, mais il est vide de ceux qui le peuplaient, qui lui donnaient vie, corps et chair (…) Je pensais être exilé de mon pays. En revenant sur les traces de mon passé, j’ai compris que je l’étais de mon enfance. Ce qui me paraît bien plus cruel encore. » C’est sans doute ce constat qui a poussé Gaël Faye à nous proposer ce premier roman sensible. L’occasion pour lui de redonner vie, corps et chair à son enfance et à nous, lecteurs, de découvrir un pays et une histoire aussi joyeuse que dramatique, aussi lumineuse que troublante. Gabriel a 10 ans, il est le fils d’un entrepreneur français et d’une mère rwandaise et se retrouve au Burundi où la ville est belle. Bien sûr, la famille est éclatée, mais les tracas du quotidien se limitent au vol d’un vélo, l’épisode le plus terrifiant qu’on lui raconte est celui de la circoncision des cousins. Mais quand on vit sur une faille sismique, il ne faut pas s’étonner des secousses. Qui ne vont pas tarder. D’abord au sein même de la cellule familiale : « Oui, ce fut notre dernier dimanche tous les quatre en famille. Cette nuit-là, Maman a quitté la maison, Papa a étouffé ses sanglots, et pendant qu’Ana dormait à poings fermés, mon petit doigt déchirait le voile qui me protégeait depuis toujours des piqûres de moustique. » Petit à petit, il va voir s’éloigner le petit bonheur dans le petit pays. Déjà on évoque la guerre civile, les risques de coup d’Etat. Quand on jour deux élèves se bagarrent dans la cour d’école, Gabriel comprend la réalité du pays : « J’ai découvert l’antagonisme hutu et tutsi, infranchissable ligne de démarcation qui obligeait chacun à être d’un camp ou d’un autre. (…) La guerre, sans qu’on lui demande, se charge toujours de nous trouver un ennemi. Moi qui souhaitais rester neutre, je n’ai pas pu, J’étais né avec cette histoire. Elle coulait en moi. Je lui appartenais. » Sans vouloir se départir du ton léger propre au narrateur de 10 ans, l’auteur pressent que les exactions qui lui sont relatées, la façon dont son père s’isole pour écouter la radio ou encore la manière dont les policiers rançonnent les chauffeurs des véhicules qu’ils contrôlent ne laisse présager rien de bon : « Un spectre lugubre s’invitait à intervalle régulier pour rappeler aux hommes que la paix n’est qu’un court intervalle entre deux guerres. » Alors que les bruits de bottes et celui des tirs d’armes automatiques se rapprochent, il trouve refuge dans les livres, grâce à une voisine aussi généreuse que visionnaire, et dans l’écriture, en envoyant des lettres magnifiques à sa correspondante française. Gaël Faye signe ici un premier roman épatant dont la musique est bien plus enlevée que ces symphonies classiques qui marquent chaque coup d’Etat. C’est son cœur qui parle plus que sa raison. Et ce par là qu’il nous émeut, nous touche, nous emporte. Que ses réflexions qui semblent à priori empreintes de naïveté nous donnent la clé d’un conflit aussi sanglant : «Je n’avais pas d’explications sur la mort des uns et la haine des autres. La guerre, c’était peut-être ça, ne rien comprendre.» Retrouvez Henri-Charles Dahlem sur son blog
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nuit blanche
Une plume à suivre
Immense coup de cœur. Un premier roman pour Gaël Faye qui nous vient au départ du monde de la musique et du rap. Il est comme son héros franco-rwandais. Gaby (Gabriel) au début de son livre nous parle d’aujourd’hui. Il est en France, il a trente-trois ans. Il a du mal à s’intégrer dans le pays de son père et a la nostalgie, l’envie d’un retour dans le pays de son enfance le Burundi. Il est métis. Son papa est un entrepreneur français et sa maman est rwandaise exilée au Burundi depuis l’âge de quatre ans. Du haut de ses dix ans, il nous raconte son enfance là-bas à Bujumbura avec sa soeur Ana. Une enfance idyllique dans un pays superbe, il a l’innocence de l’enfance, tout est merveilleux pour lui et ses potes : Gino, Armand, les jumeaux et Francis , tous des enfants d’expats. La douceur des mangues volées chez la voisine, leurs 400 coups. Il ne comprend pas la différence entre les deux ethnies HUTU et TUTSIE. Il sait que les Hutus sont plus nombreux et ont un grand nez, et que les Tutsis sont grands et maigres au nez fin comme sa maman, et ils cohabitent ensemble. Mais très vite il sera confronté à la réalité et à la haine entre les deux ethnies. D’ailleurs chez lui Prothée et Innocent se disputent parfois. Il comprendra l’ampleur des différents qui les animent lors de la première élection démocratique du Président Ndadaye et quelques mois plus tard le 21 octobre 1993 lors du coup d’état. Dans le pays d’origine de sa mère commence le génocide et l’horreur. Il quittera alors de façon brutale le monde de l’enfance. Un sujet dur, d’il y a plus de vingt ans, j’ai toujours en mémoire le massacre des Casques Bleus au Rwanda. Un sujet brûlant toujours d’actualité aujourd’hui. Gaby sera confronté au racisme, à l’exclusion, à l’atrocité de la guerre touchant de près la famille de sa maman. Il devra fuir son pays, être déraciné. La difficulté d’intégration, un pied en Afrique, un pied en France, difficile de se sentir chez soi, l’envie, la nostalgie du retour. Ce sujet difficile est raconté d’une façon magnifique avec une poésie, une écriture nécessaire, indispensable qui m’a envoûtée. J’ai dévoré ce récit. Une très très belle découverte, docu, autobio-fiction. Une plume à suivre qui fera parler d’elle j’en suis certaine. Retrouvez Nathalie sur son blog |
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