La rédaction l'a lu
Un roman magnétiqueFranck, 25 ans, vient de purger six ans ferme pour un braquage. A sa sortie de prison, il pleut, les abords sont déserts. C’est Jessica, la copine de son frère et complice, qui passe le chercher. A sa manière à lui de ne pas trop la regarder, à sa manière à elle de lui parler, on sent vite l’affaire mal engagée. L’économie de mots, c’est tout l’art d’Hervé Le Corre. Dans « Prendre les loups pour des chiens », son onzième roman et le sixième chez Rivages, l’auteur d’« Après la guerre » installe d’emblée une atmosphère poisseuse, viciée, qui écrase cet ex-taulard dont la lucidité égale son indécision, et la frustration ses espérances. Enfermé, même dehors Que faire de sa liberté, que faire de son temps ? Ces questions qu’il a ruminées jour et nuit entre quatre murs sont aussitôt étouffées. Son frère reste invisible, « en Espagne pour affaires » lui dit-on, probablement planqué. Il ne l’a jamais trahi, il va donc l’attendre. La fille et ses parents l’acceptent chez eux, à peine plus hospitaliers que ça. A nouveau, son horizon se bouche entre elle, toxico capricieuse, et ses vieux, frustes et grossiers. Le voilà enfermé dans un bout de campagne sans gaîté, dans une caravane sans air, à côté d’une maison sans confort. Mais a-t-il jamais connu autre chose que l’inconfort et l’absence de futur? Droit à l’essentiel Hervé Le Corre tamise les sentiments, les gestes, les descriptions. Ne garde que l’essentiel, y compris de ce coin de Gironde qu’il connaît si bien. Antithèse du polar régionaliste égaré dans la carte postale, son roman puise juste dans ses terres bordelaises ce qui le sert. Une chaleur oppressante, un ciel embrumé, des banlieues anonymes où vivotent des copains pas tout-à-fait rangés, encore un peu en marge. C’est dans ce décor désincarné que le personnage de Franck, éjecté de sa cellule comme une boule de flipper, rebondit d’une rencontre à l’autre, entre vexations et coups de pression, avant de songer à maîtriser sa trajectoire. La lumière va lui venir de plus victime que lui, de plus innocent que lui, d’une gamine, fille de la vénéneuse Jessica. En se souciant d’elle, il se met à y voir clair. Jusqu’au point, enfin, de faire les bons choix ? C’est tout le suspense que fait planer ce roman noir aux ressorts universels, aussi magnétique qu’un orage d’été sur la Garonne.
Les internautes l'ont lu
on n'aurait pas dû
pas mon dada
je n’ai pas pu rentrer dans le livre, impossible de savoir ou il voulait en venir. Pas facile d’avoir du flair…
J’avais lu ici et là de très bonnes critiques sur ce livre et j’avoue que les trois T Télérama ont fini par me convaincre. Retrouvez Lucia sur son blog |
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