Quand on termine un roman qui nous a fait forte impression, on cherche toujours à prolonger quelque chose de son univers, à plus forte raison quand il s’agit d’un roman autour d’un personnage célèbre (et Ernest Hemingway a expérimenté toutes les facettes de la célébrité). Est-ce que tous les détails sont vrais, est-ce que les impressions données par Hadley, Fife, Martha et Mary sont fidèles à ce qu’elles étaient, est-ce que tous se donnaient ainsi tous ces noms d’animaux (« lapin », c’est assez courant, mais appeler son chéri « agneau », ça l’est moins) (bon lui il l’appelait « pickle » aussi), quelle était exactement la maladie dont il souffrait (l’hémochromatose), qu’est devenu ce Harry Cuzzemano si étrange, etc. et après quelques recherches rapides on s’aperçoit que ce roman – fascinant, prenant – est bel et bien une fiction et que très logiquement, tout n’est pas vrai – et pourtant tellement vraisemblable.
Hemingway, quand il était amoureux, épousait. C’est comme ça, ça n’a rien à voir avec de quelconques principes moraux, car il n’avait aucun mal à être amoureux alors même qu’il était déjà marié. Mais après une période de chevauchement, il divorçait et épousait.
C’est ainsi qu’il a eu quatre épouses, dont nous faisons la connaissance à chaque période charnière, ce moment de flottement où elles s’aperçoivent qu’elles ont une rivale.
Quatre parties dans ce roman, donc, avec de nombreux aller et retours entre le début et la fin de chaque amour, invitant le lecteur à la fois à revivre et mesurer les différences.
Impossible de ne pas se mettre à la place de ces femmes (c’est plus difficile en ce qui concerne Hemingway…) et de ne pas dévorer tout ça, avec en prime la force des sensations : la chaleur, l’alcool, nager, trier les papiers, tout est très physique et incarné et on termine ce roman à regret, en ressentant beaucoup d’affection et de peine, en fait.