Je ne me rappelle plus comment ce roman a atterri dans ma P.A.L, il y a bien trois ans. C’était peut-être la couverture qui m’avait attirée.
Toujours est-il que je l’ai exhumé, dépoussiéré et me suis plongée avec ravissement dans ce western. Eh oui, c’est bien de cela qu’il s’agit, avec tous les ingrédients du genre : un héros, une petite ville récemment sortie de terre, des saloons fréquentés par des mineurs espérant trouver le bon filon, des parties de poker, des tricheurs, des menteurs, des bagarres, des grands espaces, de l’amour et bien sûr des Indiens.
Sans oublier l’état d’esprit américain : » Clenchfield s’était régulièrement opposé aux projets hasardeux ; tout son discours reposait sur la conviction qu’un homme qui prenait trop de risques courait inévitablement à sa perte. Mais Clenchfield venait de l’Ancien Monde, qui avait appris à ses enfants à ne pas s’aventurer trop loin. Clenchfield ne comprenait pas que l’Amérique était faite de mouvements et de changements, que l’échec n’était jamais définitif, sauf quand un homme en décidait ainsi ; la catastrophe était une chose qu’il fallait connaître, oublier et laisser derrière soi. L’Amérique n’avait aucune limite, hormis celle qu’un homme s’imposait. »
Ainsi que le désir de certains de voir l’ordre et la loi s’appliquer pour contrebalancer la loi du plus fort : » Je suis un fervent défenseur de la démocratie dit-il. J’ai la plus grande foi dans la capacité d’un groupe d’Américains, quel qu’il soit, à prendre une décision juste. Mais la précipitation, la passion, les préjugés et les intérêts personnels nous influencent tous parfois. De temps en temps, nous commettons de graves erreurs. Il nous arrive de suivre de mauvais chefs. Quelquefois nous nous abaissons au niveau des bêtes et nous ne valons pas mieux que l’animal le plus stupide, le plus enragé. Mais quand on fait la moyenne, quand on additionne tous les cas, tous les actes, toutes les motivations, nous agissons d’après nos principes, et nos principes sont honnêtes, bons, teintés de pitié. »
Ernest Haycox (1899-1950) était écrivain célèbre et scénariste de westerns dont « La chevauchée fantastique ».
« Le passage du canyon » a été adapté au cinéma en 1946. On peut le trouver en DVD mais je ne le visionnerai pas. J’ai tellement aimé ce roman que je ne veux pas prendre le risque de gâcher mon plaisir.