Sarah Thornhill
Kate Grenville

Points
mai 2014
310 p.  7,30 €
 
 
 
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Portrait d’une femme passionnée

Sarah est née en 1816 sur le sol australien dans la région de la Nouvelle-Galles du sud, au bord du sinueux fleuve Hawkesbury. Ses ancêtres étaient anglais. Son père William Thornhill, un ancien bagnard jetté hors de son pays a débarqué sur cette terre sauvage et a réussi à se faire une place. Il a effacé son ancienne vie de sa mémoire pour en commencer une autre avec sa femme. Cette dernière s’éteindra trop tôt pour voir grandir sa progéniture. Alors, William épousera Meg, une femme dure et inflexible. Propriétaire terrien, il gagnera suffisamment d’argent pour élever sa famille (4 garçons et deux filles). Sarah que tous appelle Dolly, surnom qu’elle déteste, a une enfance plutôt heureuse. Si elle n’apprécie pas sa belle-mère, elle adore son père, un homme autoritaire mais bon avec elle.
Sarah est une enfant et une jeune fille enjouée, qui aime courir le long du fleuve, marcher dans le bush, monter à cheval comme les garçons (et non en amazone). Illétrée, elle ne demandera pourtant jamais à apprendre à lire. Simple, généreuse et spontanée, elle aime vivre ainsi, proche de la nature entourée de sa famille.
Adolescente, elle tombera éperduement amoureuse de l’ami de son frère Will, Jack Langland, un marin courageux qui brave le fleuve jusqu’en Nouvelle-Zélande plusieurs fois par an. Fils d’un anglais et d’une « naturelle » (une autochtone, à la peau noire), le père et la belle-mère voient d’un mauvais oeil le rapprochement de leur fille avec lui.
Will périra en mer avec sa femme aborigène, laissant une petite fille… Jack la ramènera à son grand-père qui n’en connaissait pas l’existence.
À partir de là, le destin de Sarah va basculer brusquement quand un secret jusqu’alors bien enfoui va ressurgir… Jack sera chassé, partira en Nouvelle-Zélande, la laissant seule et désemparée. Sarah si ivre de liberté sera contrainte à mener une vie morne auprès d’un mari qu’elle n’aime pas…
Un très beau roman qui mêle une belle histoire d’amour et l’Histoire avec un grand H avec la description de la colonisation où la violence et le racisme régnaient. L’auteure écrit avec intelligence la destinée d’une femme de la deuxième génération, qui doit composer avec le passé et les horreurs accomplis par ses ancêtres. C’est à travers les yeux de cette femme passionnée, libre, combative, sincère et empreinte d’une grande sensibilité que nous entrons dans son existence et vibrons avec elle dans des paysages splendides tour à tour désolés, indomptés, luxuriants baignés par une lumière bienfaisante comme celle qui irradie d’elle, Sarah Thornhill.
Retrouvez Nadael sur son blog 

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