Suburra
Carlo Bonini

Points
janvier 2016
528 p.  8,10 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Non la mafia ne fait pas rêver

Depuis dix ans et la parution de « Romanzo criminale », Giancarlo de Cataldo s’évertue à ce que jamais la mafia italienne ne puisse faire rêver. S’il concède aux chefs de clan une forme d’intelligence qui, sans l’excuser, donne du sens à leur sanglante dérive, il dépeint un monde fermé sur lui-même, où cruauté et cupidité, indissociables, étouffent toute autre aspiration, tout sentiment. Pour le sixième volet de sa saga mafieuse, « Suburra », le juge-écrivain romain a adossé son inspiration à celle du journaliste d’investigation Carlo Bonini. Ensemble, ils ont mis dans le mille. Anticipant un énorme scandale de corruption qui a trouvé son issue en novembre dans un procès retentissant… Montrant autour de leur patron, le Samouraï, des voyous infiniment plus « affreux, sales et méchants » que les pauvres du film d’Ettore Scola… Cernant l’isolement des quelques magistrats et policiers restés intègres face à la pieuvre… Si son adaptation au cinéma est expurgée de tout personnage positif, le roman oppose en effet à la résolution froide et cynique des criminels la foi et le courage d’un policier d’élite, d’un procureur et d’une blogueuse activiste. Face à l’alliance venimeuse des tueurs romains, napolitains, calabrais et gitans, face à la lâcheté des responsables politiques et policiers ayant vendu leur âme au diable, l’humanité du trio apparaît bien fragile. La peinture de cette nouvelle décadence romaine n’en est que plus dérangeante.
Lire également l’interview de Giancarlo de Cataldo ici.

partagez cette critique
partage par email