La rédaction l'a lu
Non la mafia ne fait pas rêverDepuis dix ans et la parution de « Romanzo criminale », Giancarlo de Cataldo s’évertue à ce que jamais la mafia italienne ne puisse faire rêver. S’il concède aux chefs de clan une forme d’intelligence qui, sans l’excuser, donne du sens à leur sanglante dérive, il dépeint un monde fermé sur lui-même, où cruauté et cupidité, indissociables, étouffent toute autre aspiration, tout sentiment. Pour le sixième volet de sa saga mafieuse, « Suburra », le juge-écrivain romain a adossé son inspiration à celle du journaliste d’investigation Carlo Bonini. Ensemble, ils ont mis dans le mille. Anticipant un énorme scandale de corruption qui a trouvé son issue en novembre dans un procès retentissant… Montrant autour de leur patron, le Samouraï, des voyous infiniment plus « affreux, sales et méchants » que les pauvres du film d’Ettore Scola… Cernant l’isolement des quelques magistrats et policiers restés intègres face à la pieuvre… Si son adaptation au cinéma est expurgée de tout personnage positif, le roman oppose en effet à la résolution froide et cynique des criminels la foi et le courage d’un policier d’élite, d’un procureur et d’une blogueuse activiste. Face à l’alliance venimeuse des tueurs romains, napolitains, calabrais et gitans, face à la lâcheté des responsables politiques et policiers ayant vendu leur âme au diable, l’humanité du trio apparaît bien fragile. La peinture de cette nouvelle décadence romaine n’en est que plus dérangeante. |
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