« Dans la commune de Camden, au nord de Londres, en plein milieu du siècle dernier, vivaient trois frères : trois jeunes garçons, nés à un an d’intervalle (…) nés tous trois à la même heure, le même jour du même mois ». Etonnante histoire qui démarre comme un conte de fées. A ce détail près que la marraine penchée sur le berceau des fils Hanway, Harry, Daniel et Sam, serait Londres, tant cette ville, chère à l’écrivain Peter Ackroyd, occupe une place importante dans cette fiction qui, parfois, conserve son aspect féérique et, d’autres fois, se transforme en polar.
Trois frères atypiques dont le délitement des liens familiaux s’explique par une jeunesse sans mère (celle-ci disparaît bien mystérieusement alors qu’ils sont encore gamins), et par une quasi-absence paternelle, Mr Hanway étant occupé à faire bouillir la marmite avec un travail de forçat qui l’éloigne longuement du domicile. Alors, dès qu’ils le peuvent, les frangins se sauvent sans regarder derrière eux. Harry devient journaliste, opportuniste autant que consciencieux (dans un premier temps). Daniel, le timide, étudie à Cambridge et vit une sexualité tourmentée. Peu à peu, il se transforme en un redoutable critique littéraire. Quant au benjamin, l’évanescent Sam, il sillonne Londres, rêveur incapable de travailler, il est le petit dernier qui vit encore avec leur père vieillissant. Au gré des errances de Sam, de curieux personnages apparaissent et disparaissent, nonnes, clochards, église… Et puis un jour, il y a un travail pour Sam, auprès d’un drôle de zèbre comme patron. Et Peter Ackroyd de s’amuser à tenter de mystifier ses lecteurs avec un meurtre, une réapparition et un jeu de la vérité macabre. Les trajectoires des trois frères se recroisent. Mais pas pour un dénouement espéré. Du grand art.