Trois grands fauves
Hugo BORIS

Pocket
14 août 2013
 5,95 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Danton, Hugo, Churchill ou les trois fauves

A la manière de Stefan Zweig dans « Trois maîtres », Hugo Boris  croque dans « Trois grands fauves » les silhouettes de Danton, Hugo, Churchill. Trois figures au destin hors norme, au tempérament de fer, à l’énergie sans faille. Le révolutionnaire à la peau vérolée qui périt sur l’échafaud, l’homme de lettres opposant de Napoléon III, le vainqueur d’Hitler.

Pas de longues analyses circonstanciées ici mais des chapitres nerveux et resserrés servis par une plume brillante et réjouissante. En choisissant des épisodes emblématiques : Danton lors de la mort de son épouse puis  à la Conciergerie, Hugo à Jersey puis de retour d’exil, Churchill sur les champs de guerre d’Afrique du Sud  et à Paris en 1940 à la veille de la reddition, Hugo Boris affine par touches ses portraits et les personnalités prennent épaisseur et densité. Il est là dans la pleine maîtrise de son talent et « Trois grands fauves » est un régal de lecture.

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coup de coeur

Trois grands fauves : un grand auteur

Disons-le sans détours, ce livre est magnifique ! Mais, avec ces Trois grands fauves, j’ai d’abord découvert un auteur, une plume exceptionnelle. Au-delà de ce qui est relaté, c’est une écriture qui m’a envoutée. Belle, précise, alerte.
Trois grands fauves est le portrait en triptyque de trois monstres sacrés : Danton, Hugo, Churchill. Le propos n’est pas pour Hugo Boris de rédiger la biographie exhaustive de ces personnages. L’idée est plutôt de les saisir à divers moments de leur existence. Comme le ferait un artiste avec son crayon, il parvient en quelques traits à les faire tour à tour apparaître. Ses mots sont choisis avec une telle précision, ses phrases si excellemment tournées que le modèle surgit et prend instantanément vie sous nos yeux. Ce que Boris cherche à traduire, pour chacun des trois grands hommes, c’est leur incroyable vitalité, la puissance qui se dégage d’eux, leur pouvoir d’attraction. Et il y parvient à merveille… du moins en ce qui concerne Danton et Hugo. J’ai pour ma part trouvé les pages consacrées à Churchill un peu moins éblouissantes. Est-ce parce qu’en tant que Française, je connais beaucoup mieux les deux premiers, qu’ils appartiennent à mon patrimoine culturel, que je ressens à ce titre une certaine proximité avec eux, ce qui n’est guère le cas avec Churchill ? Ou peut-être ce jeu de proximité et de distance a-t-il joué chez Boris lui-même, affectant ainsi son écriture ? Car celle-ci est différente dans ce troisième portrait. Cela se ressent dans le rythme même des chapitres. Là où ils étaient courts, fragmentés et très elliptiques pour Danton et Hugo, ils ont tendance à s’allonger pour Churchill. Là où l’auteur offrait une rapidité d’exécution pour donner des instantanés, il se dilue davantage, développe de longs dialogues pour rendre compte de discussions entières. L’ensemble est nettement moins nerveux. Pour poursuivre la comparaison, je dirais que le croquis pris sur le vif cède le pas à un tableau non pas plus travaillé – car économie de moyen et sobriété ne signifient pas absence de soin – mais plus détaillé, plus léché. Et il me semble alors que la force d’évocation faiblit légèrement. Mais je ne voudrais vraiment pas terminer sur une note plus faible, tant j’ai adoré ce livre !Lisez-le, ne serait-ce que pour saisir de quel bois était faite l’éloquence de ce Danton au traits pourtant bien rebutants ! Lisez-le pour comprendre comment le génie d’Hugo s’est nourri de tout ce qui l’entourait pour rejaillir dans son admirable écriture ! Je veux vraiment souligner la qualité littéraire de cette oeuvre. Une chose est sûre : je vais lire les précédents romans de cet auteur pour me replonger avec délices dans cette langue magnifique.

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