Il y a des romans qui donnent faim, au sens propre du terme. Le roman de Sarah McCoy en est un bel exemple. Il se passe dans et autour d’une boulangerie-pâtisserie. A la page 19, on nous a déjà donné à choisir (enfin pas à nous précisément, mais à l’héroïne Reba) entre toutes sortes de pains, de tartes, de pâtisseries danoises et de gâteaux allemands. Pitié! Mais Sarah McCoy n’en aura aucune… Son roman nous promène entre deux époques (la deuxième guerre et aujourd’hui), deux pays (les Etats-Unis et l’Allemagne)… et deux boulangeries (celle des parents Schmidt, puis de leur fille). Les Schmidt sont une famille d’Allemands moyens, fascinés par le nazisme et ses promesses, au point que leur fille aînée, Hazel, a été choisie pour faire partie d’un « Lebensborn »: des femmes sont triées sur le volet, puis engrossées par de purs Aryens pour créer un peuple parfait. Elles doivent ensuite abandonner leurs enfants aux autorités pour qu’ils soient élevés selon les préceptes nazis. Elles ne les reverront plus jamais. La sœur cadette, Elsie, vit toujours avec ses parents, sous la protection d’un officier nazi tombé amoureux d’elle. Elle va pourtant se trouver confrontée à un cas de conscience, lorsqu’elle trouve un enfant juif sur le point d’être embarqué si elle ne le cache pas….
Des années plus tard, la même Elsie a émigré au Texas, près de la frontière mexicaine. Et Reba, une jeune journaliste, vient l’interviewer sur les Noëls allemands. Cette simple question va faire resurgir le passé.
Sous ses allures de grande saga, Sarah McCoy soulève de nombreuses questions. Car si le nazisme appartient au passé, l’état du Texas continue à renvoyer sans autre forme de procès des Mexicains qui ont risqué leur vie pour en changer. Et que faire? se demande Riki, chargé de réexpédier ces familles chez elle alors que lui-même, il y a quelques années de cela, a quitté le Mexique pour trouver refuge aux Etats-Unis.
« Un goût de cannelle et d’espoir » est le deuxième roman de Sarah McCoy, mais le premier à être publié en français. Elle vient de terminer le troisième. Tout cela pour vous dire qu’on n’a pas fini d’entendre reparler d’elle. Et c’est une excellente nouvelle.
Pour mieux connaître Sarah McCoy, son site est très bien conçu: http://sarahmccoy.com