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coup de coeur
nuit blanche
Un petit bijou
Un tout petit rien, un petit livre de 240 pages dévoré en un rien de temps. Un tout petit rien au fond de soi qui change tout. Camille est enceinte suite à « un accident de capote », son compagnon de sexe ne veut absolument pas assumer et devenir père. Elle prend la pilule du lendemain mais la vie a germé en elle. Elle est confrontée à un choix. Elle a douze semaines et vraiment du mal de trancher. L’interruption volontaire de grossesse ou pas ? Sa vie d’insouciance, ses projets … ou un changement de cap et des responsabilités ? Ecrit sous la forme de petits billets – Camille est blogueuse, « café des filles », – cela se sent dans l’écriture vive, dynamique et moderne. De courts chapitres comme des petits billets d’humeur. Ce premier roman se lit d’une traite tant l’écriture énergique le porte. Le style est pétillant, frais, énergique, rempli d’humour. J’ai (sou)ri à de multiples reprises mais j’ai aussi eu le coeur chamboulé, les larmes aux yeux. J’ai noté beaucoup de jolies phrases, mais le livre entier en est truffé. Un coup de coeur, très touchant vraiment réussi. Les jolies phrases Je voudrais ne pas avoir le choix. Que l’avortement soit interdit ou obligatoire. …j’aille manger dans un restaurant qui proposerait un plat unique, pour ne plus jamais de ma vie avoir à faire le moindre choix. Et cette sensation qui n’allait pas me quitter celle de n’avoir jamais été aussi vide alors même que je n’avais jamais été aussi pleine. J’étais pleine d’un vide au milieu duquel nageait l’infiniment petit. Les seules choses très graves, c’est celles sur lesquelles on ne peut plus agir, c’est la mort. Ils doutent que je doute, alors que je ne suis qu’un doute. Ton père a été la première personne à savoir que j’étais enceinte. Ta marraine la première à savoir que j’attendais un bébé. Perle après perle, j’enfile des bouts de toi et construis une parcelle de ta peau. Mais dans tout ça ce qui me rend le plus triste, c’est qu’il est déjà trop tard pour être une bonne mère dès le début. Maintenant que je sais te conjuguer, je te dirai comme je t’ai attendue, comme je t’ai aimée depuis le début. Notre début. On me cache la souffrance de l’accouchement pour me laisser à ma douleur de mère seule. Hier j’étais enceinte. Aujourd’hui j’attends un bébé. Avant toi je croyais que tout ça voulait dire la même chose. Sauf le respect que je te dois, tu ressembles quand même beaucoup à un têtard. Il y en a qui tombent amoureuses d’un crapaud qui devient prince charmant. Je suis tombée raide dingue d’un têtard qui deviendra mon enfant. Je crois qu’elle n’aime pas ma grossesse, mais qu’elle aime déjà mon bébé. Elle est le noir, je suis le blanc, ou l’inverse. Il y a entre nous une sorte de contrat tacite qui veut que l’on ne ressente pas les mêmes choses en même temps. Retrouvez Nathalie sur son blog
coup de coeur
Du bon moment pour faire un enfant
Ça n’était pas voulu, ça n’était pas prévu. Pourtant c’est là. Un clandestin. « Une tumeur », dit aussi Camille, la narratrice. Que faire ? Il n’y a pas trente-six solutions ; à vrai dire, il n’y en a même que deux. Or l’une la terrifie, et l’autre la panique. D’après la loi, « la femme est seule juge de la situation de détresse » qui peut mener à la décision de l’IVG. La narratrice n’est pas certaine que cela l’arrange. Il n’y a rien de pire que d’avoir le choix. Elle voudrait pouvoir rompre avec ce qui grandit en elle comme on rompt avec un amant, et se prend à envier ceux qui sont contre l’avortement. Eux au moins n’ont pas à décider. La narratrice traverse comme elle peut « l’embargo des douze semaines », jalousant celles qui ont « le ventre plat et la vie devant elle ». Chez ses parents, son état est tabou – mais tout le monde s’affaire malgré tout pour prévoir les pyjamas nécessaires, tandis que Camille confie ses secrets d’adulte à sa chambre d’adolescente hélas sous dimensionnée pour les recevoir.. Un très joli premier roman, et une belle promesse : car s’il est bien une naissance à laquelle on est certain d’assister dès le premier quart du livre, c’est celle d’un écrivain. Retrouvez Sophie Adriansen sur son blog |
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