Un héros incorruptible, un décor tropical, une histoire d’amour mal barrée, mélangés à une bonne dose de manipulation politique… Révélé par les éditions Sonatine, « Une certaine vérité » réunit les ingrédients d’une lecture agréable et intriguante. Troisième des quatre romans d’un Californien méconnu en France, l’ex-détective privé et avocat David Corbett, 60 ans, ce livre nous ouvre les yeux sur un petit pays dont les blessures semblent ne jamais pouvoir cicatriser…
Le Salvador est une de ces arrière-cours où la politique étrangère des Etats-Unis ne s’embarrasse pas de principes, si l’on en croit la longue postface dans laquelle l’auteur justifie son inspiration. Fermant les yeux – quand ils n’y contribuent pas directement – sur la pauvreté endémique, la pratique de la torture, des enlèvements et des assassinats politiques, les bras armés plus ou moins officiels de Washington – CIA ou officines clandestines – n’agissent que pour protéger leurs alliés locaux et les intérêts américains.
Sérieusement documenté, ne perdant jamais de vue son propos dénonciateur, l’auteur nous éveille à cette sombre réalité en l’utilisant comme colonne vertébrale d’un thriller bien bâti, s’équilibrant entre action, romance et politique. Son héros, Jude McManus, jeune garde du corps qui découvre un peu tard où il a mis les pieds, est volontairement un peu tendre, afin de servir de révélateur à la corruption ambiante. Au point de manquer parfois d’épaisseur face aux brutes américaines et salvadoriennes qu’il affronte. Comme si, après ses quinze années d’enquêteur, David Corbett réussissait mieux les personnages de méchants que les bons. Une faiblesse qui, dans l’univers du roman noir, n’en est pas vraiment une.