Une constellation de phénomènes vitaux
Anthony Marra

Le Livre de Poche
litterature doc
janvier 2016
544 p.  8,10 €
 
 
 
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Très belle découverte emplie d’humanité.

Vie : une constellation de phénomènes vitaux – organisation, irritabilité, mouvement, croissance, reproduction, adaptation. Nous sommes en 2004 en Tchétchénie. Haava a huit ans lorsqu’elle assiste, cachée dans la forêt, à l’arrestation de son père Dokha par les russes. Ils brûlent sa maison. Son voisin Akhmed va vouloir la sauver et l’emmener dans un hôpital abandonné où exerce Sonja, une chirurgienne russe. C’est d’une double guerre, un peu méconnue dont nous parle Anthony Marra dans ce premier roman. Il nous conte le martyr d’un peuple, une histoire méconnue je trouve. Un peuple déporté durant la seconde guerre mondiale, réhabilité en 1956 par Kroutchev après la mort de Staline – à nouveau meurtri en 1994 et 2004. C’est la découverte d’un pan de l’Histoire mais aussi de vies qui se croisent. Nos trois protagonistes : Akmed médecin peu doué pour soigner les vivants, artiste dessinateur qui veut sauver Haava la fillette de huit ans, fille de Docka arboriste considéré comme rebelle et Sonja la brillante chirurgienne qui a fait le choix de son pays en 1996 Ils n’ont a priori aucun point commun et pourtant ces trois destins qui se croisent, ces trois personnages centraux sont la colonne vertébrale de ce récit très attachant. Un roman où l’on parle de la guerre et de ses ravages, des dégâts laissés par les mines antipersonnel, les arrestations arbitraires, la torture… La force de ce récit est dans l’humanité des personnages. C’est lumineux, l’amour sera le plus fort. J’ai lu ce livre il y a quelques mois, certains éléments s’effacent car je n’ai pas rédigé mon petit billet de suite mais il me reste ce sentiment d’espoir. Un roman bouleversant, peut-être un peu plus difficile d’accès, difficile mais tellement essentiel. Il résonne encore en moi. Une belle découverte.
Ma note : 8.5/10 Les jolies phrases Poser cette question, c’était reconnaître cette possibilité, et Haava savait, par expérience, que toutes les horreurs possibles finissaient par se produire. Mieux valait se protéger avec une cuirasse d’irréalité. Mieux valait se replier en soi-même, se cacher dans les eaux noires parmi les anémones de mer, au plus profond, là où les requins ne pouvaient vous voir. Il avait toujours veillé à considérer Havaa comme une simple enfant et elle jouait le jeu, comme si l’enfance et l’innocence étaient des êtres fantastiques, morts depuis longtemps, qu’elle ressuscitait de temps en temps pour faire semblant de croire à l’existence. Mieux valait l’illusion que le désespoir, les chimères plutôt que rien. Chaque jour de son existence, elle avait sous les yeux les mille et une facettes de la souffrance humaine et, de temps en temps, elle avait besoin de se rappeler que le système nerveux ne servait pas exclusivement à transmettre la douleur.

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