Une fille, qui danse
Julian Barnes

Traduit de l'anglais
par J. Pierre Aoustin
Folio
janvier 2013
224 p.  7,50 €
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

Orgueil et conséquences

 Tony est un jeune retraité récemment divorcé. Alors qu’il semble enfin commencer à vivre selon ses désirs, il va devoir revisiter son passé et notamment l’histoire de ses amitiés étudiantes et de son premier chagrin d’amour avec la mystérieuse Véronica. Julian Barnes a obtenu un Man Booker Prize (le Goncourt anglais) pour ce roman, et c’est largement mérité ! A travers les destinées de ses héros attachants, il nous offre une superbe réflexion sur des sujets aussi ambitieux que le sens l’Histoire et la responsabilité de nos actes individuels. L’intrigue, alerte, nous entraîne des emballements amoureux et intellectuels de la jeunesse jusqu’à un drame du passé dont la découverte pourrait, des années après, changer la tranquille existence de Tony. Mais en littérature, comme dans la vie, rien n’est si simple. Et je vous mets au défi de deviner la fin de ce très beau roman. Si vous n’avez pas encore découvert « Une fille, qui danse », précipitez-vous, en plus d’une lecture divertissante vous aurez aussi le plaisir d’être dérangé et secoué dans vos certitudes. C’est tout le sel de la (bonne) littérature. Bravo et merci Mister Barnes !

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Une fille qui danse – Julian Barnes

Retraité depuis peu, Tony a une soixantaine d’années. Il se qualifie lui-même d’un type « moyen ». Un mariage tiède qui s’est terminé en divorce, une fille gentille mais qu’il ne voit plus trop, un travail correct mais pas extraordinaire. Ni riche, ni pauvre, ni triste, ni heureux, il est dans l’entre-deux constamment. La vie semble avoir coulé sur lui. Aucune aspérité. Et pourtant…
Un jour, il reçoit un don par testament : la mère de son amour de jeunesse, Veronica, lui lègue une petite somme d’argent ainsi que le journal intime ayant appartenu à son meilleur ami, Adrian. D’un coup, les images du passé ressurgissent : l’Angleterre dans les années soixante, le lycée, la faculté, sa bande de copains et leurs discussions philosophiques et littéraires, sa petite amie Veronica, l’arrivée dans le groupe d’Adrian un type charismatique et mystérieux, un week-end troublant chez les parents de Veronica, cette même femme dans les bras d’Adrian, la lettre que Tony écrit à leur attention, un suicide… Puis les images deviennent plus nettes, les mots résonnent, le ressenti change. Le présent éclaire le passé. Le temps modifie les perceptions. Et les réactions ne sont pas les mêmes à 20, 40, 60 ans…
Un récit sous la forme d’un long monologue. L’introspection d’un homme, la découverte de ses zones d’ombre, l’impression d’avoir été en marge des choses qui se tramaient autour de lui. En fouillant dans son passé, certains épisodes lui apparaissent différemment. Il assiste, consterné, à une relecture, une réinterprétation d’une partie de sa propre existence.
Le ton est juste et l’écriture délicatement ironique, typiquement anglaise, est savoureuse. Le lecteur perçoit la tension dès les premières pages, un suspense savamment dosé le tient en alerte jusqu’à la fin – un brin décevante tout de même –. S’ajoute à cela des reflexions sur le temps, les mécanismes de la mémoire, l’Histoire, la jeunesse, la vieillesse, la nature de l’homme, la puissance des mots et les conséquences qui s’en suivent, les remords et une question : Peut-on parvenir à modifier les erreurs commises dans un autre temps ?

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