Comment réussir à réveiller notre intérêt pour James Dean, icône morte il y aura soixante ans cette année ? Déjà! Par quelle magie Philippe Besson parvient-il à nous faire partager sa fascination pour cet acteur dont on croit tout savoir ? Par une construction inattendue, tout d’abord. Des chapitres resserrés qui donnent la parole à une trentaine de voix, celles de proches ou moins proches ayant côtoyé Jimmy. Voix qui établissent, en creux, un portrait exceptionnel de fragilité de ce jeune homme mort à vingt-quatre ans. Réels, authentiques, fantasmés… ils sont presque tous là pour raconter leur fils, neveu, élève, amant, acteur… Voix de la mère, qui va mourir sans voir grandir son fils, celles de l’oncle et de la tante, qui prendront la relève pour élever le gamin pendant que le père tente de se remettre de son deuil. Mais aussi voix de la prof de lycée totalement subjuguée, ou de la starlette d’Hollywood qui tombe amoureuse. Ils sont nombreux à évoquer un souvenir ou deux du jeune Jimmy. Gageons même que vous vous amuserez à en vérifier certains, à l’image de celui évoqué par Elia Kazan qui le dirigea dans à « A l’Est d’Eden ». Mais que tout soit artifice, ou réinterprétation, vous serez bluffé par la fantaisie de Philippe Besson autant qu’emporté par ce tourbillon virevoltant qu’était James Dean.