« C’était ainsi que cela fonctionnait. Des braqueurs de banques ne vidaient pas seulement un coffre-fort, ils emportaient aussi avec lui un sentiment que vous aviez toujours considéré comme acquis : la sécurité. Voilà le crime pour lequel ils auraient dû être jugés un jour. Pour privation définitive de sérénité et non pour vol à main armée. »
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Initialement, on peut nourrir certains préjugés quant à ce roman : basé sur une histoire vraie, écrit à quatre mains, une famille ayant commis une série de braquages en Suède dans les années 90, un diptyque annoncé, la crainte du formatage est bien présente quand on ouvre ce roman. Et puis tout s’envole tandis qu’on assiste, médusés, à la dénonciation méthodique de la violence familiale. Une fratrie soudée envers et contre tout, un père manipulateur et violent qui a inscrit dans la chair de ses enfants ce sentiment d’union sacrée, un aîné intelligent, organisé, qui insensiblement dérape vers une filiation dont il ne parvient pas à s’affranchir, des braquages bien sûr, et pour lier tout ça un inspecteur acharné et lui-même bien déphasé. Tout sonne très juste et il est impossible de lâcher ce petit pavé une fois commencé, on a d’ailleurs hâte de pouvoir lire le deuxième volet qui, d’après ce que j’ai compris, nous donnera des nouvelles de la famille Dûvnjac vingt ans après, une fois sortis de prison.