critique de "Maestra", dernier livre de L. S. HILTON - onlalu
   
 
 
 
 

Maestra
L. S. HILTON

Robert Laffont
la bete noire
mars 2016
384 p.  18,90 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
nuit blanche

Maestra… sexe, meurtres et beaux-arts

Difficile de faire l’impasse sur l’opération marketing qui a présidé à la sortie mondiale de ce livre. Maestra paraît simultanément dans 40 pays. Les droits ont d’ores et déjà été achetés pour une adaptation cinématographique et l’auteur a déjà touché plusieurs millions de dollars pour ce qui est vendu comme un thriller érotique surpassant Cinquante nuances de Grey. Les Éditions Robert Laffont ont remporté les enchères françaises et nous assurent à grand renfort de publicité que voilà «le thriller le plus scandaleusement original que vous lirez cette année, avant de renouveler l’opération avec le lancement des tomes deux et trois. Avant de faire la connaissance de la belle et sulfureuse Judith Rashleigh, j’ajouterai que j’ai apprécié ce livre, car tous les ingrédients sont fort bien agencés. Un peu comme si un cuisinier amateur avait suivi les conseils d’un grand chef pour réussir son plat principal. Judith travaille à Londres pour le compte d’une maison de ventes aux enchères d’œuvres d’art. Elle a beau être diplômée, on la relègue à des tâches subalternes. Pour soigner sa frustration, elle va suivre une amie dans les chaudes soirées de la capitale et ne va pas tarder à arrondir ses fins de mois en tant qu’escort girl de luxe avec des «quinquas, qui, l’espace de quelques heures, voulaient se faire croire qu’ils avaient un vrai rencard, avec une vraie fille, jolie, bien habillée, avec de bonnes manières, une fille qui avait envie de bavarder avec eux.» Ce mal nécessaire va lui permettre de croiser quelques personnalités et de profiter de leurs largesses, notamment de voyages et de cadeaux. Autant elle est respectée au Club, autant elle est déconsidérée dans son travail, même lorsqu’elle découvre une escroquerie potentielle, un tableau attribué à un grand maître ne serait qu’une copie. Son destin va basculer lorsque, sur la Côte d’Azur, une partie de jambes en l’air se termine mal et que son amant meurt. Avec l’amie qui l’accompagne, elle décide prendre la fuite vers l’Italie. Entre yachts de luxe et luxure, elle ne va pas oublier le monde de l’art. Et va trouver un moyen de se venger de son patron indélicat. C’est qu’au fil du temps, elle se construit une carapace rose à l’extérieur et noire à l’intérieur. Que les scènes érotiques très crues voisinent avec l’étude du marché de l’art et le roman noir. Judith devient petit à petit familière avec la souffrance et n’hésite pas à éliminer les gêneurs : « Je pouvais encaisser des choses trop dures à encaisser pour d’autres, et ça voulait dire que je pouvais les commettre, aussi. J’avais agi ainsi, et en avais tiré un soulagement intense. » Si le style est nettement plus travaillé que dans les nuances de Grey, c’est avant tout par la mise en scène d’une femme volontaire qui mène les débats et agit dans son propre intérêt que Maestra est une réussite. La maîtresse femme fatale va parvenir à échapper à la police, réussir une opération très lucrative, et nous donne rendez-vous pour la suite de ses aventures avec… maestria.

Retrouvez Henri Charles Dahlem sur son blog

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