Antonio Manzini est devenu une référence dans son genre en Italie, il cartonne avec plus d’un million de livres vendus.
J’avais lu le premier de la série Piste Noire dont je garde un excellent souvenir. C’est déjà le troisième opus des enquêtes du sous-préfet « Rocco Scavione ». On retrouve les personnages, son équipe de « bras-cassés » avec plaisir mais je vous rassure il n’est pas indispensable d’avoir lu les précédents.
Une camionnette aux plaques volées sort de route, deux corps sont trouvés. Rocco Scavione va mener l’enquête. Entre temps, Giovanna, une amie de Chiara Breguet donne l’alerte de la disparition de celle-ci. Chiara est fille de riches industriels de la région, Rocco s’inquiète que les parents n’aient rien signalé, c’est suspect … Il va mener de front cette enquête.
L’action se situe au Val d’Aoste, petite ville de 40.000 habitants, esprit bien différent de Rome, Rocco l’apprendra bien vite au sujet de sa vie sentimentale…. Tout ce sait, c’est comme un village ici.
Dans cette affaire, tout s’entremêle, dans la narration aussi. On passe de la vie quotidienne amoureuse de Rocco, aux réflexions émises par les différents protagonistes qui se retrouvent dans le roman. C’est un peu déstabilisant au départ mais c’est très intéressant comme écriture. On s’habitue très vite de passer d’un personnage à l’autre, et on trouve rapidement le fil conducteur, les choses se mettent en place. Le livre est découpé en chapitres qui sont en fait les différents jours de la semaine.
C’est vivant, très dialogué. Rocco Schavione a ses méthodes bien personnelles pour y arriver, pas toujours très « catholiques » mais il est efficace, il va à l’essentiel.
Suspense, mafia, argent, rebondissements jusqu’au bout, une écriture originale que je vous recommande.
J’ai d’ailleurs une grande envie de rattraper le tome 2 « Froid comme la mort » que j’avais loupé.
Ma note : 9/10
Les jolies phrases
C’est l’absence qui fait mal ? Non. C’est la perte qui fait mal. C’est autre chose que l’absence. La perte sait ce qu’elle a perdu. L’absence, ça peut être une sensation vague, une émotion sans corps et sans son de quelque chose qui manque, que je n’ai pas, mais je ne sais pas ce que c’est. La perte, c’est ce que j’éprouve, parce que je sais. Et c’est pire que l’absence. Car ce que je connaissais, ce que je tenais entre mes doigts n’est plus. Ne sera plus. C’est la même différence qu’il y a entre Ray Charles et Stevie Wonder. Stevie est aveugle de naissance, Ray l’est devenu. Ray sait ce que c’est que de voir, Stevie non. Ray a éprouvé la perte. Stevie l’absence. Stevie est mieux loti que Ray. J’en mettrais ma main au feu.
– Tu te rappelles cette phrase ? Le désir d’une personne est immortel.
– Mais si tu le combles, il disparaît. Avec le besoin de cette personne.
Les souvenirs s’en vont, mon amour. Jour après jour. Tu ne t’en aperçois peut-être pas, mais ils s’en vont. Les beaux comme les terribles. La nuit les avale, et ils vont se mélanger aux souvenirs des autres. Tu ne les retrouves plus, même si tu essaies. Jusqu’à ce que tu deviennes toi-même un souvenir.