Les thrillers sont plutôt minoritaires dans ma PAL mais j’ai choisi de lire « Stasi Block » car il nous entraîne dans un univers dont on parle assez peu : la R.D.A.
Moi qui ai fait allemand première langue dans les années 70, dans ce qu’on appellerait aujourd’hui une classe européenne, ce retour en arrière m’a beaucoup plu.
Lors de l’été 1975, dans ce qui se veut une ville pionnière de la République Démocratique Allemande, la disparation de jumeaux nés prématurés est signalée. L’enquête semble délicate puisque les autorités la confie à une jeune inspectrice, Karin Müller, que l’on fait venir spécialement de Berlin-Est.
Toutefois la jeune femme n’a pas les coudées franches pour enquêter : chacun de ses déplacements est surveillé par un membre de la Stasi, elle doit assister impérativement aux réunions du Parti et respecter scrupuleusement la hiérarchie entre toutes ces polices (du Peuple, de l’Etat..).
Un quartier entier de la ville lui est interdit d’accès. Mais c’est sans compter sur la détermination de la jeune inspectrice qui fera preuve d’énormément de ressources et de courage physique pour découvrir la réalité.
Ce roman, en plus de l’intrigue, dévoile aussi un aspect de l’Histoire de l’Allemagne de l’Est : à l’arrivée des troupes russes, de très nombreuses jeunes femmes ont été victimes de viols collectifs. Beaucoup ont eu recours à des avortements ou des abandons d’enfants. Mais l’Etat, qui surveille et enregistre tout, a dressé des listes nominatives de ces femmes. Trente ans plus tard, ces listes tomberont dans des mains malveillantes.
L’auteur décrit de manière parfaite l’ambiance , l’emprise de la propagande sur la population et la volonté de la maintenir dans une parfaite ignorance de ce qui se passe réellement. Tout est fait, y compris l’architecture de la ville nouvelle, pour que chaque individu se sente écrasé par le poids de l’Etat.
Excellent moment de lecture.