Unité 8200
Dov Alfon

traduit de l'anglais par Françoise Bouillot
levi
policiers
avril 2019
392 p.  21 €
ebook avec DRM 8,49 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Un 007 israélien

Israël est une terre fertile pour les bonnes fictions d’espionnage. Le filon s’est déjà largement exporté au travers de séries télévisées telles que « Hatufim » (2010) – dont s’est inspiré « Homeland » – ou plus récemment « Hostages » (2013) et « Fauda » (2015). Il se transpose aussi facilement à l’écrit, comme le démontre Dov Alfon avec son premier roman, « Unité 8200 ». Ce quinquagénaire francophone, né en Tunisie, est un journaliste aguerri, correspondant à Paris de l’excellent quotidien israélien Haaretz. Il a aussi été, dans une vie antérieure, officier dans les services secrets.

Un pied dans l’écriture, un autre dans la chose militaire, avec l’actualité politique pour trait d’union. Un parcours qui résume peut-être pourquoi, plus généralement, les Israéliens sont à l’aise avec cette matière. Au sein d’une nation aussi pénétrée du souci de sa sécurité et de la défense de ses frontières, le renseignement est une activité vitale et assumée. Et sur le CV, une ligne qui n’a rien de honteuse. Connaître ainsi le système de l’intérieur permet d’être précis et crédible quand on en parle. Ce qui n’interdit pas d’y mettre de la distance.

Quand « Unité 8200 » (lire huit-deux-zéro-zéro) nous fait entrer dans les arrière-cuisines d’un service de surveillance électronique ultra-performant, où l’homme est une sorte d’auxiliaire du téléphone, on y croit. Mais l’auteur observe ce monde parallèle high tech avec détachement. Il se fait même un peu moqueur quand il met en scène les exigences d’un Premier ministre plus vrai que nature ou bien les chicaneries entre hauts gradés.

Une mêlée que ses deux personnages principaux survolent avec un temps d’avance. L’un, colonel rompu aux missions clandestines, se débat à Paris avec un gang de tueurs chinois lâchés aux trousses d’un de ses compatriotes. L’autre, jeune lieutenante déjà très endurcie pour son âge, déjoue depuis son QG militaire les intrigues de palais et les rivalités entre services. Dans sa complicité à distance, ce séduisant duo nous fait voyager du désert du Néguev jusqu’à Bagnolet, puis de Créteil jusqu’à Tel Aviv. Choc de cultures.

En chemin, au long de leurs 24 heures de course-poursuite, le sang ruisselle. Ils croisent une bonne douzaine de cadavres, mais cette violence reste un ingrédient du scénario déchargé d’émotion, introduit avec désinvolture, façon « 007 » ou « Mission Impossible ». L’auteur en use comme d’un signal nous ramenant à chaque fois au cœur de l’énigme : qui manipule les tueurs et avec quel mobile ? On compte donc les coups, mais en prenant un réel plaisir à ce thriller d’action résolument divertissant.

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 Les internautes l'ont lu
nuit blanche

« Quis custodiet ipsos custodes ? »

Il est 10h40 le lundi 16 avril, Yanniv Meidan atterrit à Roissy avec ses collèges pour un expo de geeks. C’est un marrant, Yanniv, qui ne supporte pas l’attente passive. Toujours à déconner, le premier à faire le pitre. En sortant de l’aéroport, il se précipite sur une jolie hôtesse qui brandit un panneau et se fait passer pour celui qu’elle attend. Comme ça, pour rire, pour ses collègues qui attendent ce genre de choses de sa part. On ne le reverra jamais…
Attention quand vous prononcez le titre, dites bien « huit-deux cents », comme il se doit, et surtout pas « huit mille deux cents »sous peine de passer pour un bleu. Bon, comme l’auteur n’a pas du tout l’intention d’humilier son lecteur, il l’indique dès les premières pages, en nous expliquant même ce que c’est que cette unité 8200. Et tout de suite, c’est parti. Nous allons vivre vingt-quatre heures trépidantes en passant de Paris à Tel-Aviv, avec des escales à Berlin, Macao, Pékin ou Washington (on évoque même Moscou). Personne ne sait où il met les pieds et chaque service secret est en alerte… Ce premier roman de Dove Alfon est du genre excitant. Il déclenche une frénésie et il n’est pas question de le lâcher une seconde tant le besoin de comprendre s’impose. Construit avec une grande intelligence il donne l’impression de révolutionner le roman d’espionnage alors qu’il en épouse parfaitement les codes et son intrigue est d’une grande clarté. Les personnages sont séduisants et il y a même des touches d’humour très réussies (la conversation en hébreu passée au traducteur automatique vaut son pesant de cacahuète !). On en veut encore !

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