Elle s’appelle Leila et bosse dans l’humanitaire, ils s’appellent Mark et Léo, ont été très amis avant de se perdre de vue. En Birmanie, Leila est témoin de quelque chose qu’elle n’aurait pas dû voir. Léo, avant de perdre pied et contact avec la réalité, a tenu un blog pertinent qui a viré au conspirationnisme. Mark, enfin, est devenu riche et célèbre en acceptant de voir remanier son essai brillant en une sorte de manuel de développement personnel bidon. Ils vont tous trois tremper les pieds dans un truc énorme…
« Thriller pop parano » annonce la 4° de couv et c’est bien trouvé. On est à la croisée de plusieurs genres et le mariage est réussi, on s’amuse comme des petits fous avec les trouvailles ingénieuses et souvent très drôles de l’auteur (et de la traductrice !*), comme les noms que se choisissent les membres de Dear Diary : Matt Moissa, Dune Seultrett, Roman Igance, Sarah Tonine, Tom Ahawk, Brice Glass, Mild Max, Mike Rosoft ou encore Casper Plex, ou même rien que le titre : Whiskey Tango Foxtrot (WTF). Les premières pages – de présentation des personnages – ont tout de suite un ton, auquel j’ai adhéré sans réserve; c’est comme si l’auteur parvenait à établir une connivence immédiate avec le lecteur, on a un peu l’impression d’être dans un roman d’apprentissage, on se sent en prise avec le monde bien contemporain et on a hâte de voir évoluer les trois héros. Et puis ça se décale, on entre dans un roman d’espionnage, toujours plein d’humour (ou d’étrange ! : « Mais voilà : nos ordinateurs, on n’a pas besoin de les brancher, mais par contre, il faut les arroser et les exposer à la lumière du soleil. Et ils peuvent communiquer entre eux sans, euh, sans Internet quoi. »), un brin de SF (ou de Fantastique) se promène aussi et puis le rythme s’intensifie, ça devient de l’Aventure, bourrée de technologie, on s’amuse toujours et sans s’en être aperçu on s’est bien attaché à ces trois-là, au point de regretter que ça se termine. Premier roman d’un auteur que je vais suivre attentivement !
* D’ailleurs l’auteur lui-même le signifie dans les remerciements : « Et toute ma reconnaissance à Laure Manceau, praticienne de l’art mystique de la traduction. C’est sa voix que vous avez entendue dans ces pages. »
(J’avais tout de suite apprécié la dédicace, aussi : « A Fiona, sans qui que dalle. »)