Les internautes l'ont lu
Quatrième roman pour ma compatriote Caroline de Mulder. Un roman noir, très noir je vous préviens de suite. Direction : le nord de la Belgique, Riemst dans le Limbourg pas très loin de Maastricht. C’est la région natale du Lieutenant Frank Doornen, 34 ans, il se remet d’un AVC survenu dix-huit mois plus tôt. Suite à sa maladie, il est souvent impulsif, victime d’accès de violence, d’absences aussi. Il est à la recherche de Lies dont il est tombé amoureux. Lies c’était aussi Mona lorqu’elle bossait comme prostituée au club Kiss. Lies était aussi une ancienne maîtresse d’Orlandini, un industriel pas très net. C’est le roi du déchet et de leur recyclage. Lies logeait à la Villa des Roses appartenant à son ex amant, celle qui s’est effondrée assez étrangement. Il n’en reste rien mais Frank repère un drôle de signe rouge, une sorte de S, un Wolfsangel, emblême d’un parti nationaliste flamand. Il veut en savoir plus. C’est de plus en plus étrange car ce n’est pas la seule propriété d’Orlandini à avoir explosé ! Aidé de Tchip, un as de la récup et de l’informatique, Frank va mener son enquête dans les sous-sols limbourgeois. Il y a en effet un véritable réseau de galeries souterraines, des galeries calcaires s’étendant sur des centaines de kilomètres. Que cachent-elles ? Elles ont servi de cachettes durant la guerre. Ce sous-sol calcaire sera un personnage à part entière du roman, ce sera un élément essentiel du récit. J’ai beaucoup apprécié les petits proverbes en néerelandais, la dualité de la langue. Des personnages atypiques, très noirs, particuliers. Un univers spécial mais je me suis attachée au personnage de Frank Doornen qui veut à tout prix sauver Lies qui le sauvera peut-être à son tour ? Des personnages torturés, cabossés, comme les galeries glauques dans lesquelles nous emmènent Caroline de Mulder avec une plume âpre, dure, puissante qui n’est pas dénuée de poésie. La construction est maîtrisée, de courts chapitres continus, simplement numérotés nous entraînent au plus noir, au plus profond de l’âme humaine. Un sentiment d’angoisse grandit lors de la lecture qui sonne encore plus à voix haute. Une découverte très intéressante que je vous conseille vivement. Mais que cache Orlandini et ses proches ? A vous de le lire pour le savoir. Ma note : 8.5/10 Les jolies phrases Faut dire qu’ici avec les carrières, tout est construit sur du vide. On marche sur du creux, sur des oeufs, une coquille vide mijn lieutenant, ici c’est pas le ciel qui nous tombera sur la tête, c’est nous qui tomberons la tête en bas. La mort des uns est le pain des autres de één zijn dood is de ander zijn brood. Il aime les filles soufflées dans du verre, qu’un rien abîme ou brise, les pauvres choses tombées dans de sales griffes, souvent les leurs, leurs propres petits ongles peints d’une couleur agressive, comme s’il pouvait les en tirer, et ce sont des histoires qui ne marchent jamais. Les enfants sont de petits animaux vicieux qui en veulent toujours plus, tout en feignant de fuir. Ils feignent de fuir pour mieux se sentir attrapés, blottis, adorés. Ils disent ne pas vous aimer, rien que pour voir si vous les suivrez plus loin, plus vite. Ce sont de petits hommes déjà, avec des manières et des ruses d’homme, pourtant c’est moi qui aurai le dernier mot mon amour. Ce n’est pas le pardon qui calme la colère, c’est la justice. Tout détruire. Tout nettoyer, tout laver, et c’est comme si cette pluie qui n’arrête pas de tomber allait effacer, L’eau claire passera dessus, sur ce gâchis toute cette saleté, une eau si belle qu’on voit à travers, claire comme les yeux de maman, et qui emportera ça et le reste. Vider, raser les lieux, enterrer. Enterrer profond et quand ça remontera, quand l’ordure remontera, car elle revient toujours à la surface, il sera loin. En attendant, restera que la pureté et la mort. Des enfants lavés sous la pluie. De la pierre rincée. La vie est liquide et chaude, la vie est molle, elle s’en va. Il commence déjà à sécher sur ses os et quand la vie l’aura quitté tout à fait, il va devenir raide et aride et rejoindre la pierre, il sera enfin dur comme son coeur, et pur comme la mort. Retrouvez Nathalie sur son blog |
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