Babinsky, en quelques mots, c’est le gendre idéal mâtiné d’un soupçon de fée du logis. Plutôt beau garçon. Sérieux, ponctuel. Appart impeccable. Fin cuisinier. Il emmène même sa copine en vacances en Toscane et se lève aux aurores pour lui concocter de bons petits plats. C’est dire si on en veut un comme ça! Son métier n’est même pas le défaut de la cuirasse car il est tueur à gages humaniste. Ne cherchez pas, il n’y a pas de formation initiale au CNED. Tout est question de feeling: son empathie naturelle pour le genre humain le prédispose à considérer sa future victime -le plus souvent, une parfaite ordure- dans sa globalité d’être pensant et désirant et il ne peut lui donner l’absolution finale qu’après l’avoir rendue complètement heureuse en exauçant son dernier vœu. Il suit donc son petit bonhomme de chemin au fil des contrats, Babinsky, jusqu’au jour où il tombe sur un os et se prend les pieds dans le tapis de l’amitié, la vraie, celle qui remet en cause l’essence même de ce qu’est son boulot…
Je suis un tueur humaniste est construit sur un paradoxe jubilatoire et l’écriture pince sans rire de David Zaoui participe de ce paradoxe car comment raconter autrement que par l’humour discrètement instillé les aventures inénarrables d’un « buteur » professionnel qui se rend compte petit à petit que le don de viser juste et loin sans faillir s’est doublé du don d’aimer vraiment son prochain? Lisez ce drôle d’ovni décalé qui navigue entre malice, légèreté et gravité. C’est une sorte de chemin de vie. Vous ne le regretterez pas et c’est une prescription de la Toile cirée. Donc, ne vous gênez pas!