Kabukicho
Dominique Sylvain

VIVIANE HAMY
chemins nocturnes
octobre 2016
320 p.  19 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
nuit blanche

KABUCHIKO – LA CITE DES MENSONGES

Dominique Sylvain qui a vécu quelques années au Japon, connaît donc très bien ce Pays du Soleil Levant » et cela se ressent.
Son premier roman « Barka » (« idiote » en japonais, paru en 1995) lui avait été inspiré par Tokyo où elle a séjourné trois ans. Premier succès. Par la suite viendront d’autres ouvrages tous très forts.

Cette fois elle a choisi un quartier sulfureux de Tokyo, « KABUKICHO » qui a donné le titre de ce livre très sombre.
Les principaux personnages sont :
* Yudai – toujours très élégant, recherché par les femmes pour de la compagnie tarifée.
* Kate Sanders – une jeune anglaise, devenue une des hôtesses les plus recherchées du Club Gaïa mais qui disparaît brutalement.
* Son père, à Londres, qui reçoit sur son portable une photo d’elle, les yeux clos avec le message « Elle dort ici ».
* Colocataire de Kate « Marie vit bientôt l’image de Kate apparaître sur l’écran de son smartphone. Pâle, yeux clos, longs cheveux blonds en corolle, bras le long du corps.
Paisible. Endormie.
Force était de constater qu’elle n’avait pas pu se photographier elle-même. Kanonojo wa koko de nete imasu. Marie traduisit la phrase sans difficulté. Elle dort ici. » (page 28).

Avec l’arrivée de Sanders à Tokyo pour tout mettre en œuvre afin de découvrir la vérité, aidé par Marie mais aussi avec l’enquête de Yamado, capitaine de police du quartier de Shinjuku, nous allons dans ce Japon mystérieux où l’auteure nous décrit si bien cette « Cité des Mensonges ».

J’ai tout de suite été entraînée dans cette histoire que j’aie lue avec une passion dévorante, un grand intérêt et la curiosité de découvrir cette ville de Tokyo où se passe cette intrigue si bien menée.
J’ai aussi apprécié cette visite guidée avec son total dépaysement car les Japonais ont leurs façons de penser et de vivre bien particulières. On y va de de surprises en surprises et la fin est vraiment à découvrir. Quelle machination !

Si ce livre est classé dans la rubrique « roman », pour moi c’est un excellent « roman noir », noir comme la si belle couverture qui attirait mon regard depuis longtemps avec cette photo d’une Japonaise aux cheveux verts.

Dominique Sylvain ne fait que confirmer son talent en nous faisant ressentir sa passion pour ce pays lointain. Passion qui monte aussi de plus en plus en moi, aussi bien pour les livres qui y sont consacrés mais également pour les écrivains qui en sont originaires.

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Kabukicho c’est le nom d’un quartier de Tokyo. Le quartier chaud; celui des plaisirs, tout est possible, le sexe en public, les soapland mais aussi , contraste du Japon oblige, les bars à hôtes ou à hôtesses.
Contrairement à notre société, ce sont des bars où les hôte(sse)s écoutent les clients parler, « massent » l’égo, l’âme. On écoute et ne franchit pas la barrière du sexe.

Kate Sanders est anglaise, elle a choisi ce métier tout comme sa co-locataire Marie Castain , la française. Elles sont hôtesses au Club Gaïa de Mama Sanae.

Kate disparaît étrangement, une photo d’elle endormie, allongée dans un parc est envoyée par texto à son père Jason, avec comme texte « elle dort ici ». Etrange, il arrivera bien vite au pays du soleil levant pour mener son enquête en compagnie de Marie. L’inspecteur Yamada sera lui aussi sur le coup, ainsi que Yudai un ami proche de Kate , hôte au Café du Château. Je n’ai pas envie de vous en dire plus de l’intrigue.

Marie, Yudai et Yamada seront les trois voix qui nous guideront au cours de l’enquête, mais à mon sens ce ne sont pas les personnages principaux, il faut y ajouter Kabukicho et surtout la culture japonaise dont Dominique Sylvain nous parle à merveille.

En effet, c’est avant tout un livre d’ambiance. On est sur place et on découvre les us et coutumes étonnantes et c’est passionnant. La description des lieux est parfaite : Shinjuku, Roppongi Hills, la parc de Chiba, mais aussi les soapland, les influences des Yakusa, le vocabulaire japonais.

La société japonaise est bien décrite, décortiquée. La psychologie des personnages est parfaite, on rentre au plus profond des dérives de l’âme. Un super polar d’ambiance. L’écriture est fluide.

Une découverte à faire sans hésitation.

Ma note : 8/10

Les jolies phrases

Etre abandonné permet d’avoir l’esprit libre.

C’est le plaisir du jeu. Le client joue à l’homme à qui tout réussit. L’hôtesse endosse le rôle de la jeune fille naïve, moins intelligente que son compagnon.
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Les dessous de Tokyo

Je ne connaissais pas cet auteur , et pour cause, je ne suis pas férue de romans policiers.
Mais, un de temps en temps , c’est délassant. Donc, en lisant d’excellentes critiques, je suis partie pour Tokyo, dans ce quartier malfamé qu’est Kabukicho.
Une jeune femme anglaise, hôtesse de bar non professionnelle, disparaît, son père arrive vite pour mener l’enquête aux côtés de la police, et en compagnie de la colocataire de sa fille, une française.
Ce qui est intéressant me semble t-il , n’est pas l’intrigue, somme toute assez commune dans les polars, mais le milieu dans lequel elle baigne.
En effet, si la façon de faire des policiers semble universelle (le gentil, le méchant..) et une conscience professionnelle certaine, la psychologie des personnages et de la société japonaise toute entière est bien éloignée de de la nôtre. Les bordels ne « semblent » pas tous avoir la même finalité, peut -être une résurgence des geishas, cala va de la conversation aimable et factice , à l ‘animalité la plus vile .
La lecture de ce livre n’est pas lassante , mais est vite oubliée.

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Dans la chaleur moite tokyoïte

« Pourtant, malgré ses côtés répulsifs, le charme vénéneux et exotique de Kabukicho agissait puissamment. J’éprouvais une fascination qu’on aurait pu qualifier de malsaine… » « C’était ce qui avait frappé Marie à ses débuts. Cette conscience professionnelle. Tous ces jeunes gens qui voulaient être les meilleurs dans leur job et apporter un service de qualité. Dans d’autres circonstances, elle en était persuadée, ils auraient fait d’excellents commerciaux, aussi motivés par leurs chiffres de vente que par la satisfaction des acheteurs. » « Cette nuit, comme toutes les autres, les clients réclamaient le soulagement, la pulvérisation de la frustration, du stress et de la solitude. Ils exigeaient qu’on donne momentanément chair à leurs envies les plus tordues. Et les pros de Kabukicho étaient déterminées à y arriver. » Ce « Kabukicho » est avant tout un roman d’atmosphère : celle du quartier homonyme de Tokyo où les personnages principaux concentrent leur activité professionnelle et qui cristallise les passions et les tensions. Dominique Sylvain a vécu au Japon, on sent qu’elle a dû l’aimer profondément et sincèrement. Elle parvient alors à rendre tous ses personnages attachants : Yudai, Kate, Sanae, Yamada, même Akiko trouvent grâce à nos yeux. Il n’y a que deux personnages que Dominique Sylvain rend détestables : Marie et Watanabe. Kate disparaît au Japon et de l’autre côté de l’océan son père reçoit une photo d’elle endormie avec un court texte « Elle dort ici ». Jason Sanders prend le premier vol pour Tokyo pour partir sur la piste de sa fille. Il se fera aider par Marie, colocataire de Kate et qui travaillait dans le même bar à hôtesses que Kate (précisons ici que les hôtesses ne sont pas des prostituées, elles ne couchent pas avec leurs clients, elles ne sont là que pour les écouter et les mettre en valeur, contres espèces sonnantes et trébuchantes, certes).
Je n’en voudrai même pas à Dominique Sylvain de ne pas avoir su garder le suspens au-delà de la centième page. On a toujours un doute en se demandant si tout est aussi simple qu’il y paraît ou si l’auteur nous réserve une tour de passe-passe en fin de récit… mais l’essentiel ne réside de toute façon pas dans l’intrigue et la recherche du coupable. Restent les questions des motivations de l’assassin qui s’inspire d’un serial killer qui a sévi quelques années avant à Osaka. Là, pour le coup, Dominique Sylvain ne nous en dévoile les tenants et les aboutissants qu’au fur et à mesure. Restent les pages sur le quartier de Kabukicho, somptueuses d’ambivalence comme le montrent les phrases citées en exergue de ce billet et qui prouvent, si c’était encore nécessaire, combien Dominique Sylvain aime ce quartier et les habitants (et les fantômes) qui le hantent et ne peut pas en dire du mal sans en dire en même temps du bien. C’est ce qui transpire le plus entre les lignes de ce roman, c’est cette vie ou ce simulacre de vie qui fait le sel de cette histoire.
Restent les questionnements ou positionnements identitaires des différents personnages qui sont tous en recherche de quelque chose. Yudai se chercher en profondeur : mal à l’aise dans son costume d’hôte, on sent que sa vie est ailleurs mais qu’il n’a pas encore mis la main dessus, en tout cas pas en totalité ; son fils n’est qu’une partie de la solution. Yamada cherche son passé, sa mémoire et sa place dans une institution dont la figure exécrable de Watanabe, son collègue, donne une image négative de l’avenir de la profession. Marie ne se cherche pas, elle a totalement abandonné sa personnalité pour vivre, non pas à travers, mais par celle des autres : elle vole leurs identités à ses victimes, que ce soit sa mère, son amie « d’enfance », Kate ou même Sanae ; Marie est une Tom Ripley au féminin ! Kate et Akiko, de deux manières différentes, cherchent l’amour et une sorte de plénitude inaccessible. Restent les dernières pages qui relèvent du manga autant que de la littérature dans l’excès de violence, dans un souci de chorégraphie précise, dans la recherche d’une esthétique et d’une fluidité propres à ces animations japonaises.

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