Ah, je suis embêtée, très très embêtée, parce que j’adore les polars de Dominique Sylvain : j’avais chroniqué, il y a deux ans, son avant-dernier roman : « Les Infidèles » dont certaines scènes m’avaient vraiment emballée et j’ai commencé « Une femme de rêve » en étant persuadée que j’allais me retrouver bien tranquille dans ma petite zone de confort, prête à déguster mon cocktail préféré… Si j’ai effectivement retrouvé dans ce roman policier ce qui fait la marque de fabrique de Dominique Sylvain à savoir une écriture vive, intense, tendue, un rythme soutenu, une dimension cinématographique évidente, un suspense puissant qui tient le lecteur en haleine, je dois tout de même avouer une petite déception… Il y a quelque chose qui ne prend pas…
Bon, le sujet d’abord : une jeune universitaire, Adèle Bouchard, donne régulièrement des cours d’analyse cinématographique à une poignée de prisonniers « des étudiants empêchés » : ils décortiquent les scènes de « Pierrot le fou », de « La grande illusion »… Tous les classiques y passent. Chaque participant apprécie ces séances d’analyse et écoute religieusement les propos de la jeune femme. Ces interventions font du bien à ces hommes qui ont sacrément besoin de se changer les idées et d’ouvrir leur horizon.
Parmi eux, se trouve un redoutable as du braquage, multirécidiviste, qui n’hésitait pas à tuer celles et ceux qui se trouvaient sur son passage lorsqu’il se lançait à l’assaut d’une banque ou d’un fourgon. Ces victimes collatérales ne l’empêchaient pas de dormir en tout cas…
Bref, le dernier braquage s’étant particulièrement mal passé, Karmia, pour ne pas le nommer, s’est pris vingt-huit ans à l’ombre… autant dire la perpète.
D’ailleurs, dans la bagarre, un des flics a perdu son amie qui a reçu une balle dans la tête et se trouve depuis dans le coma. Il ne faudrait d’ailleurs pas que ce flic, un certain Schrödinger , mette la main sur ce Karmia car il n’hésiterait pas à le tuer de la pire façon, c’est certain…
En attendant, Karmia se tait, écoute la prof en se disant que ce sont bien là les paroles d’une intello qui ne connaît pas grand-chose à la vie. Peut-être a-t-il aussi quelques pensées pour sa fille, Nico, toujours prête à lui venir en aide quand c’est nécessaire…
Je n’en dirai pas plus, polar oblige… J’ai horreur qu’on me dévoile le quart de la moitié du début de l’intrigue, donc, je respecte… Évidemment, c’est un peu compliqué après pour chroniquer, mais ça devrait le faire quand même.
Bon, qu’est-ce qui fait que je suis un peu réservée sur ce roman ? J’ai eu le sentiment (ressenti tout personnel) qu’il embrassait peut-être un peu trop de personnages qui, de ce fait, n’étaient, à mon goût, pas suffisamment approfondis, incarnés ni vraiment « exploités » d’un point de vue romanesque… Ils relèvent, pour certains, de l’univers de la BD avec un petit côté caricatural, un léger manque de nuances, qui m’ont empêchée de m’y attacher réellement et de les trouver vraiment crédibles.
Et puis, pour certains, on a à peine le temps de faire connaissance avec que… pschitt, ils disparaissent (pour différentes raisons) et l’on reste un peu sur sa faim en se demandant finalement à quoi ils ont servi… Dommage…
(Qu’est-ce que j’avais aimé le couple des deux flics amoureux dans « Les Infidèles »… Eux, ils étaient sacrément incarnés !!! Mais ça, c’est une parenthèse…)
D’ailleurs, la profession un peu « hors normes » de certains personnages – un prof de ciné, une audio-naturaliste, un braconnier… – aurait pu être davantage exploitée… J’ai eu l’impression parfois d’un feu d’artifice prometteur dont les lumières retombaient en minces filaments à peine visibles…
Il m’a semblé aussi que l’intrigue s’effilochait doucement et que l’on finissait par se disperser, par se perdre dans des espaces, des situations, dont on ne tirait finalement pas suffisamment parti…
Un peu de la même façon, sont abordés de nombreux sujets d’actualité (écologie, bitcoins, réseaux sociaux…) mais leur traitement reste assez superficiel voire artificiel et sans lien profond avec l’intrigue … Tout m’a semblé un peu épars, disparate, sans unité profonde ni vraie cohérence… Le propos, le sujet même du roman, aurait peut-être gagné en puissance en étant plus recentré, plus cadré.
Enfin, les chapitres intitulés « L’élue » (il s’agit de chapitres -avec changement de typographie- un peu mystérieux, qui évoquent l’errance poétique et onirique d’une femme amnésique en quête de son identité mais l’on ne sait pas qui parle) bref, ces passages ne m’ont pas convaincue : je les ai trouvés trop nombreux, trop longs, trop détaillés… Sans doute faudrait-il, pour en apprécier pleinement le contenu, les relire une fois que l’on sait qui est la narratrice afin d’en tirer parti et mieux les comprendre…
Un peu déçue donc par ce roman. Bien entendu, ce n’est que mon très petit avis et je sais que certains chroniqueurs ont parlé de ce roman en des termes très flatteurs…
Le mieux, c’est que vous le lisiez pour vous faire votre propre idée… On en rediscute après ?
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