*Citation exacte, explication dans le roman !
Pour son dixième livre, Richard Russo revient à l’univers de son tout premier : « Un homme presque parfait » (Nobody’s fool 1993), adapté au cinéma en 1994 avec Paul Newman dans le rôle de Sully. On peut bien sûr lire « A malin malin et demi » indépendamment, il ne reprend à proprement parler aucune des intrigues précédemment évoquées, et se situe d’ailleurs une dizaine d’années après. Mais pour tous ceux (et je sais qu’ils sont nombreux) qui sont un jour tombés sous le charme de la plume de Richard Russo, et qui, comme moi, ont lu et relu chacun des romans et recueil de nouvelles parus au fil des ans (ainsi q’un récit), c’est une grande joie de retrouver Sully. A soixante-dix ans bien sonnés, il rumine les propos de son médecin : il ne lui resterait que deux ans à vivre, peut-être un seul. C’est-à -dire, s’il ne subit pas une opération cardiaque rapidement. Il s’interroge : a-t-il encore envie de vivre – et donc de subir tout ce cirque des hôpitaux -, ou a-t-il fait son temps ? Il a eu une vie, belle ou pas, ce n’est pas à lui de le dire. Il y a des gens qui tiennent à lui, récemment le sort lui a été favorable, ce qui pour tout dire l’inquièterait plutôt – il ne croit pas beaucoup aux cadeaux gratuits. En attendant, il a toujours le même vieux fond de malice et le coeur sur la main. Il n’est pas au premier plan de ce roman, d’ailleurs, qui s’intéresse au premier chef à Douglas Raymer, le chef de la police de North Bath. Notre Dougie va être confronté à tout un tas de rebondissements improbables et mouvementés, que l’on dévore avec un plaisir sans cesse accru, avec une pointe de Fantastique qui évoque fortement Stephen King, et de superbes accents sociaux. Richard Russo aime ses personnages (et aime les malmener) et s’y entend comme personne pour raconter une bonne histoire, en se payant même le luxe de nous égarer dans nos supputations. Un roman qu’on aimerait faire durer des heures et des heures pour ne jamais quitter son ambiance !