Un bon mexicain est un mexicain derrière un mur, selon Donald Trump, le mickey de la Maison Blanche. Ne souhaitant pas voir son pays, ses Etats Unis Great Again, envahi par une horde de « voleurs, violeurs, trafiquants de drogue et bandits » il s’est fait élire sur la double et fausse promesse de séparer les USA et le Mexique par un mur ininterrompu et qui plus est entièrement payé par le Mexique lui même (avec l’argent des narcos?)
Aujourd’hui, le Mur n’est pas encore prêt pour l’hiver qui viendra forcément, et le Mexique reste un pays vérolé par la drogue et son trafic. Ultraviolent, barbare et corrompu comme peu de places dans le monde.
Au milieu de ce cloaque et donc derrière ce mur inachevé vivent des mexicains. Victimes eux surtout de la mainmise des cartels sur la vie de la nation. Lydia, libraire sans histoire, et Luca, son fils, vont voir lors d’une fête d’anniversaire l’ensemble du reste de leur famille exécutée par les narcos. Ils en réchappent et, sans aucune autre solution, décident de s’enfuir, loin, très loin du théâtre sanglant, vers le « nord », c’est à dire les Etats Unis.
Leur odyssée, intense, passionnante, terrifiante et émouvante, est racontée de main de maître(sse) par Jeanine Cummins. Un roman inlâchable, implacable et virtuose. Le récit de ces migrants qui, en bus, sur le toit d’un train, en voiture, à pied, dans la chaleur, le froid, la puanteur et le danger permanent, coûte que coûte, avancent, progressent, s’éloignent de leur mort promise pour rejoindre une Terre qui ne le sera pas autant, sans doute.
Un migrant, c’est quoi? Des chiffres, des noyés, des asphyxiés, des exécutés, des détroussés, mais derrière cela, des vies, des drames, une horreur que l’on ne souhaite à aucun de nous. Mais aussi une obstination, un entêtement à survivre quasi bestial.
American Dirt n’est sans doute pas le roman de tous les migrants, de toutes les migrations, mais il tend à montrer la vérité de ces hommes, ces femmes, ces enfants derrière les statistiques, derrière les photos chocs dont on se lasse, de toute façon.
Alors oui, arrivés aux USA, Lydia et Luca et leurs compagnons de route sont sales, sans beaucoup d’argent, sans papiers. Repoussants. Ils ont pourtant bravé les tempêtes, déplacé des montagnes, vaincu maintes férocités et transcendé l’injustice pour se présenter ainsi, dans ce qu’ils pensent être un endroit plus juste…alors qu’en fait du Mexique aux Etats Unis, ils passent du vendeur au consommateur. Du trafiquant à l’usager. D’une société malade l’autre. Mais avec, du côté « nord », un peu plus de chance de rester vivant.
Parce que tout vaut mieux que le pire, va pour la sale Amérique de Trump.