Le photographe Philippe Halsman a immortalisé les plus grands personnages de la deuxième moitié du XXe siècle : Marilyn Monroe, Alfred Hitchcock, Albert Einstein, le Duc et la Duchesse de Windsor. Mais avant de connaître la célébrité en saisissant ces « people » en train de sauter, Philippe Halsman a vécu l’horreur. Que peut-il vous arriver de pire que de perdre votre père à 22 ans lors d’une randonnée en montagne, et d’être ensuite accusé de cette mort accidentelle?
C’est de cette histoire que s’inspire Austin Ratner pour son premier roman. Il retrace le parcours de l’extraordinaire résilience du photographe en mêlant finesse d’analyse psychologique avec la triste réalité d’une histoire dramatique. Après l’accident survenu en Autriche en 1928, le jeune Philippe est tout de suite incarcéré et va devoir faire face à une série de témoignages à charge lors d’un procès où la corruption et l’antisémitisme font loi. Même l’intervention de Freud et de Einstein dans ce qui deviendra vite une affaire politique n’épargnent pas au jeune homme une double condamnation. Seul dans sa cellule, il survivra au désespoir et à la calomnie en écrivant des lettres d’amour à une jeune femme. Il devra enfin sa libération à la dernière grâce du chancelier autrichien, sur intervention du Ministre de l’air français Paul Painlevé, grand promoteur de la ligne Maginot. Viennent ensuite les années de reconstruction en France, où il rencontre les surréalistes, découvre la photographie et l’amour en la personne de la douce Yvonne. Malgré un début un peu laborieux, ce roman d’Austin Ratner vaut d’être découvert. Il suit le photographe depuis la sinistre randonnée familiale jusqu’à son exil américain, qui lui apportera la célébrité. A travers ces épreuves, on comprend comment la haine de son prochain hante un destin, même si la vie reprend toujours le dessus. Ce n’est sûrement pas un hasard si Philippe Halsman a choisi un métier ou il mettait à nu l’âme de ses modèles.