Le premier mot qui me vient à l’esprit pour parler de ce roman, c’est poésie. C’est délicatesse, émotion. Tous ces aspects viennent s’entrechoquer avec la crudité, la brutalité parfois, de ce que la vie réserve d’une part et de la façon d’écrire de l’auteur d’autre part : on appelle un chat un chat.
J’ai aimé l’originalité du processus narratif : le lecteur découvre l’histoire d’Asta par bribes, à travers les souvenirs embués de Sigvaldi son père, tombé de son échelle. Rêves et réalité se mêlent, se fondent dans une brume nordique qui emmène loin et touche le coeur.
Outre des portraits saisissants des membres d’une famille, de la vie quotidienne en Islande (j’ai aimé découvrir de petites anecdotes comme les appartements en sous-sol, les traditions culinaires, les paysages…), ce roman en quelque sorte choral offre une réflexion sur le pouvoir de la poésie et de la beauté. La rédemption peut-elle s’opérer grâce à cela ? Est-ce qu’elles peuvent nous sauver du désespoir ?
Il y a de grands espaces dans cette histoire, il y a du vent, des étendues désolées, et des personnages meurtris qui meurtrissent à leur tour. Il y a un questionnement sur la possibilité ou non d’aimer et d’être aimé, quand nos parents nous ont transmis leurs propres difficultés.
La lecture fut aisée, même s’il faut faire attention à ne pas se perdre dans les narrateurs qui ne sont pas systématiquement explicites. Dans mon esprit, j’ai eu affaire à un vrai moment de Littérature. Un style, une voix, et sans doute une oeuvre dont je vais poursuivre la découverte. Il y a une force extraordinaire dans ce roman, un souffle, une émotion difficiles à verbaliser.
Seul bémol, la jaquette illustrée pour la couverture n’est pas du tout au service du roman. A elle seule, elle m’a fait repousser ma lecture…C’est vraiment dommage.