Cette terre promise
Erich Maria Remarque

traduit de l'allemand par Bernard Lortholary
Stock
janvier 2017
486 p.  23 €
ebook avec DRM 15,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Un roman posthume et puissant

L’auteur d’« A l’Ouest rien de nouveau », mort en 1970, a laissé un roman posthume enfin traduit en français, qui couronne une œuvre de l’exil, de la guerre et de la reconstruction. Sa vision de l’Amérique distanciée et ironique est proche de la veine de la Génération perdue.

Les réfugiés

Eté 1944, Ellis Island. Au milieu d’autres candidats à l’immigration, Ludwig Sommer attend son permis de séjour en regardant les gratte-ciels et les lumières de Manhattan. Après la mort de ses parents, l’internement en camp de concentration, la fuite et les cachettes secrètes, il a pris l’identité d’un ami juif antiquaire mort en France, et c’est grâce à son nom qu’il obtient le précieux sésame lui ouvrant les portes de l’Amérique. A New York, il loge à l’hôtel Rausch, « caravansérail international […] bon marché », et retrouve l’ami qui lui a sauvé la vie. Ludwig parvient assez vite à se faire embaucher par des marchands d’art impressionnés par ses connaissances, acquises dans un musée bruxellois où il avait trouvé refuge. Il fréquente aussi les cercles d’émigrés juifs européens qui, comme lui, tentent de recommencer leur vie tout en s’accrochant aux nouvelles du front, côtoie des exilés nostalgiques et d’autres qui, au contraire, adoptent avec reconnaissance leur nouvelle patrie et font table rase de leur passé.

Une nouvelle vie

La conscience de la fragilité de la paix et du bonheur est aiguë chez notre héros tourmenté par les cauchemars et les fantômes. C’est avec Maria Fiola, modèle d’origine italo-russe, que Ludwig réapprend à aimer et entrevoit la possibilité d’une vie normale. Il découvre la ville en marchant, mange dans les drugstores aux dizaines de parfums de glace, observe le ballet des employés de bureau, celui des épouses qui font les boutiques en potinant, et rencontre les clients de ses patrons, vieille élite ou nouveaux riches qui se payent une respectabilité grâce à l’art de l’ancien monde. Entre connaisseurs désabusés, acheteurs blasés et profiteurs, Sommer cherche sa place. Erich Maria Remarque avait envisagé différentes fins possibles pour ce roman puissant et inachevé, pulsion de mort ou de vie, deux pôles qui l’ont lui-même aimanté.

 

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 Les internautes l'ont lu

le rêve américain

Dernier roman de Erich Maria Remarque (auteur de « A l’Ouest, rien de nouveau ») et livre somptueux sur l’exil et la survie en terre promise. Un texte magnifique également sur New York, les silhouettes de ses gratte-ciel, le rêve américain et ce que cela représente quand on fuit la Gestapo. Souvenirs multiples, désir de vengeance, nécessité de s’intégrer mais volonté farouche de garder toujours intactes ses valeurs, notre héros aura bien du mal à trouver sa place dans ce monde nouveau. Il va y rencontrer un antiquaire et un marchand d’armes, une comtesse russe et quelques toiles célèbres, Degas, Cézanne …
Un très beau roman à lire, notamment quand on aime New York …

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