Dans ce milieu de XXI° siècle allemand, la santé régit la vie. La Méthode a été mise en place lorsqu’au tournant du siècle dernier la société a subi une grande vague de désidéologisation. Crise, peur, effondrement du système de Sécurité Sociale, chaos, maladie, fin de tout sentiment de sécurité. La Méthode a tout réglé. Aujourd’hui, être en bonne santé est une obligation, et chacun doit rendre compte quotidiennement de ce qu’il mange, de son sommeil, du sport qu’il pratique, et s’unir à qui lui correspond biologiquement, sur choix de la CRP (Centrale pour la Recherche de Partenaire).
Mia est une jeune biologiste parfaitement intégrée, en apparence. Sauf qu’elle a toujours été à la frontière, un peu solitaire, un peu bande-à-part, elle a horreur des groupes. Lorsque son frère aimé voire adulé se suicide, clamant son innocence, elle vacille. On a retrouvé son ADN dans le corps d’une fille violée et assassinée, mais lui a juré n’y être pour rien. Maintenant, il est mort, elle le croyait, mais elle croit aussi en la Méthode et en l’ADN. Incompatibilité qu’elle ne parvient pas à gérer. Alors elle se terre, ne remplit plus les rapports obligatoires, demande qu’on lui fiche la paix.
Mais la Méthode ne peut prendre aucun risque, s’en écarter aussi peu que ce soit pourrait entraîner les autres à douter…
Un roman profondément intelligent et effrayant.
« – Mais au fond, qu’est-ce que vous en pensez ?
– De quoi ?
– De la vie.
Dans la cuisine, Mia s’affaire à remplir la bouilloire. Elle coupe un citron en tranches, sort deux tasses et jette un coup d’oeil rapide dans le salon comme pour s’assurer que son visiteur est toujours là.
– Oh, dit Kramer, je la trouve tout à fait supportable. Vraiment. »