Madrid, le quartier de Lavapiés : « c’est un quartier multiculturel mais pas interculturel », ne cessent de répéter les différents personnages, pensant tous en citer un autre, quand ils ne sont qu’enfermés dans leur petite bulle à la lucarne minuscule.
Ils y habitent tous, ou y travaillent, ils sont tous différents, ne se connaissent pas, ou à travers un champ de ramifications telles qu’il est impossible de s’y retrouver : chacune de la multitude de voix que l’on entend dans ce roman nous offre sa vision du quartier, de lui-même, de la vie, et c’est prenant en diable.
« Cosmofobia » est un gros roman bruissant de vie, que l’on déroule comme si on l’aspirait, absolument ravi d’être emporté dans le courant, les comprenant tous, toujours un peu surpris et déstabilisé de leur candeur, de la façon franche d’aborder des sujets aussi bien graves que légers.
Peu à peu la profondeur gagne du terrain, et c’est plus qu’agréable de surfer sur les genres, quand ils sont aussi bien mélangés : si l’amour demeure malgré tout le thème central (y a-t-il autre chose dans nos vies, au fond ?), le racisme, la pauvreté, l’honnêteté, la solitude, les relations aux autres, l’anorexie, l’Art, sont quelques-uns des thèmes abordés (il y en a d’autres, dont une très chouette manière d’injecter un peu d’ésotérisme, une touche de peur) et le tout s’imbrique avec une belle vitalité.