Si le battement d’ailes d’un papillon peut déclencher une tornade à l’autre bout du monde, alors imaginez les conséquences qu’une confession (« Ben Souther vient de m’embrasser ») faite en pleine nuit par une mère à sa fille de quatorze ans peut avoir.
L’histoire, publiée sous le qualificatif de roman mais tout à fait autobiographique, débute à Cape Cod dans les années quatre-vingts. La mère, prénommée Malabar en souvenir de sa naissance à Bombay, est une personne exubérante, redoutable cuisinière, et très autocentrée. De son premier mari, elle eut deux enfants, Peter et Adrienne (la narratrice) et, après un divorce à l’amiable, épousa Charles, victime quelque temps plus tard de toute une série d’attaques transformant le séduisant fiancé en mari quelque peu diminué. Avec Charles, elle menait une vie sereine, très confortable (il était riche), mais un peu trop tranquille pour sa quarantaine flamboyante. Elle était mûre pour une nouvelle idylle et pour ce Ben, meilleur ami de Charles et époux de Lily. Tous deux vont entamer une liaison, c’est leur affaire. Mais ce qui devient plus compliqué, c’est qu’ils embarquent Adrienne dans cette aventure, la tranformant en complice, la poussant à mentir aux conjoints trompés, s’en servant comme d’un alibi, lui donnant une importance factice, bref, en l’abîmant pour le reste de son existence. Il lui faudra beaucoup de temps, alors qu’elle est devenue adulte, pour comprendre ce qui lui est arrivé, à quel point elle a été manipulée, et pour réussir à tomber amoureuse…
C’est un roman sur une forme de maltraitance, mais aussi sur l’amour et bien sûr sur la résilience. Il est plein de jolies choses, de repas divins, de paysages de rêve, de rencontres étonnantes. On le commence, on ne le lâche pas.