D’aucuns auraient pu écrire 500p sur cette idée de roman, en 60p E.Zamiatine boucle une histoire à 2 faces.En Russie, à Pétersbourg, Trofim, un homme rustre a comme épouse Sophia, une femme éteinte, de par sa nature peut-être, mais surtout de par l’impossibilité d’avoir l’ enfant que son mari attend.
Un évènement proche laisse orpheline Ganka, une gamine, Sophia veut en faire cette enfant tant attendue, mais assez vite Ganka, , quelque peu allumeuse et perverse qui n’éprouve aucune sympathie pour cette mère adoptive, se rapproche de Trofim jusqu’à ce qu’ un nouveau couple se forme, laissant Sophia sans force et dans le désarroi.
Survient une terrible crue de la Néva qui emporte tout sur son passage, c’est le moment aussi pour Sophia de se libérer de son cauchemar.
Mais malgré une vie qui se rétablit peu à peu, l’esprit de Sophia ne résiste pas à ses souvenirs , la culpabilité est un acide corrosif qui mène tout droit à la folie.
J’ai lu l’histoire d’un coeur simple( Flaubert est passé par là) et en même temps du naufrage de la Russie. Zamiatine signe son roman en 1924, à Petersburg qui officiellement s’appelait Leningrad ; pied de nez à Staline qui s’en souviendra plus tard..
Un condensé des auteurs russes et de l’âme slave. Un chef d-oeuvre.