Retenez le nom du nouveau prodige des lettres allemandes : Benedict Wells, né en 1984, s’est vu décerner le Prix de littérature européenne pour son quatrième roman, le premier traduit en français, qui a remporté un grand succès outre-Rhin. Avec une écriture fluide et simple, ce roman nous parle d’une fratrie, du deuil et du premier amour qui est parfois le dernier.
En 1984, Liz, Marty et Jules perdent leurs parents dans un accident de la route. N’ayant pas de famille proche, les enfants Moreau sont envoyés dans un internat où ils sont séparés. Jules, le benjamin, a une dizaine d’années ; il grandit et se construit avec le manque de ses parents, de son frère et de sa sœur, l’un petit génie de l’informatique solitaire, l’autre belle adolescente rebelle qui prendra des chemins de bohème escarpés. Sa seule famille, c’est Alva, une camarade de classe tout aussi écorchée vive, avec qui il traverse ses jeunes années sans jamais lui avouer son amour. Après l’abandon de ses études de droit et une passion pour la photographie avortée, Jules devient directeur artistique d’une maison de disques avant de se mettre à écrire. Les années passent, la fratrie se ressoude et un jour, Alva reparaît.
Centré sur le personnage de Jules, le narrateur, le roman de Benedict Wells pense les chemins de l’existence, les questionnements et les déterminismes qui nous meuvent. Si leurs parents n’étaient pas morts, quel tour aurait pris la vie des enfants Moreau ? Et si Jules avait déclaré son amour à Alva, aurait-il trouvé plus facilement sa voie ? Aux réponses impossibles s’ajoute le mystère profond des êtres, surtout de ceux qui partagent notre vie. Certaines zones d’ombre ne sont jamais éclairées, invitant Jules à l’écriture et ses infinies possibilités. Roman de famille, des souvenirs, des deuils, des choix, « La fin de la solitude » est enveloppé d’une douceur mélancolique, sans mièvrerie, écrit jusqu’au bout sur le fil des émotions.