Une femme pénètre pour la dernière fois dans la maison de famille où quatre générations d’hommes et de femmes se sont succédées. Entourée par les vignes du Médoc, au lieu-dit Les Calinottes, la demeure est sur le point d’être vendue. La narratrice s’apprête à y passer une journée et une nuit.
Les premiers instants à fouler ce terrain familier ne provoque en elle aucune mélancolie. Son air détaché semble d’ailleurs la contenter voire la rassurer. Mais, malgré elle, ces quatre murs enferment tant de vies, tant de reliques, d’objets en tout genre, de postures et de gestes, de traditions… que des effluves imaginaires lui montent à la tête. Des images surgissent avec leurs personnages, des souvenirs lointains, des moments furtifs qu’elle aurait cru anodins refont surface.
Et à l’heure où le soleil se couche, d’étranges reflets envahissent la maison. Celle-ci, si noire et froide à son arrivée, se métamorphose. Elle se met à vibrer, à frémir. Des arabesques sur les murs de la cuisine, la réminescence de photographies prises dans cette pièce en Août 1970 réapparaissent soudainement, submergeant la narratrice d’une émotion intense.
Cet été-là, son grand-père revenait dans son foyer qui l’avait quitté pour faire le deuil de sa femme. Cet homme, cette cuisine, cette table, le bouquet de dahlias dans le vase ébréché, ses lunettes posées… Une douzaine de clichés ratés et pourtant c’est à eux qu’elle pense maintenant. Ces photographies éclairent ce passé comme elle ne l’avait jamais vu.
D’un coup, le cadre s’élargit et laisse entrevoir des choses jusque-là ignorées ou enfouies. Dans l’obscurité de la nuit, les souvenirs liés à cette maison jaillissent.
Un récit court et dense. Un concentré d’odeurs et de sensations. Une alchimie des images vraies ou fabriquées. Une convocation de la mémoire, réminescences.
Une prose poétique et sensible. Des mises en scènes tellement réalistes qu’elles nous rappellent nos propres souvenirs. Bouleversant.
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