Voici dix nouvelles captivantes, solaires et originales. Bénédict Wells par « La vérité sur le mensonge » emmène le lecteur dans un labyrinthe où pas un seul instant on ne cherche la sortie. Dans un même style, ces histoires sont néanmoins différentes dans le fond. Elles sont magnifiées par la constance de l’auteure qui octroie dans un même ton littéraire hors norme, la même force, la même envergure pour chacun de ses écrins. Et c’est tant mieux ! La lecture en devient confortable, agréable, savoureuse. Certains des morceaux d’architecture sont des pans de vie dont la souveraineté va éclater en mille morceaux pour diverses raisons. Dans un jeu brillant, atypique, Bénédict Wells ne lâche pas un seul instant le fil rouge de « La vérité sur le mensonge ». Toutes relèvent de sentiments, de turbulences, d’angoisses, de doutes, de craintes existentialistes, de névroses cachées, de secrets. L’auteure est si douée, perspicace, qu’on ignore la chute qui va advenir. Le pouvoir emblématique d’une mouche dans une avancée Kafkaënne va déclencher le détonateur d’un non-retour des plus subtils. « Ping-pong » où une table de ping-pong foudroie en plein vol « Les histoires extraordinaires » d’Edgar Allan Poe. Bénédict Wells maîtrise ses protagonistes à l’extrême. On a l’impression de cohabiter dans cette habilité, dans les mouvements de vie, dans les aléas, les pertes de sens pour ses comparses. « Muse » est dotée d’une double lecture. L’auteure s’amuse beaucoup dans cette dernière et l’on pressent au travers de cette nouvelle un écho autobiographique. Cette angoisse du vide créative dans son apogée qui rend fou tout écrivain. « La vérité sur le mensonge » est une réussite littéraire. Bénédict Wells 34 ans écrit depuis longtemps. Ses œuvres sont cosmopolites et signent un imaginaire hors norme. « La promenade » première nouvelle de ce musée vivifiant est un petit chef-d’œuvre extraordinaire qui laisse sa place aux neuf autres sans crainte aucune. Cette naissance littéraire traduite avec talent par Dominique Autrand est à lire au coin du feu, en plein hiver quand souffle le vent du Nord. Et vous verrez comme tout change.